samedi 16 septembre 2017

Pardonner de tout son coeur

Pardonner de tout son cœur
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Le pape François en Colombie, devant le crucifix de Bojayà

Jésus, dans l’évangile de ce dimanche, nous demande de pardonner de tout notre cœur à la personne qui nous a offensés (Mt 18, 35).

Entendre cet évangile aujourd’hui et demain, est très impressionnant si on le lie au tout dernier voyage de notre cher pape François en Colombie. Ce voyage a été vécu sous le signe de la réconciliation et du pardon. Comme vous pourrez le lire dans un instant, c’est au beau milieu de ce voyage, que l’événement le plus impressionnant a eu lieu. Réunis devant le crucifix mutilé en 2002 à Bojaya alors qu’une bombe lancée par la guérilla a tué des dizaines de chrétiens réfugiés dans une église, des milliers de Colombiens ont entendu les témoignages de quatre personnes qui ont su, avec l’aide de Dieu, pardonner aux bourreaux qui les ont fait souffrir. Parmi ces quatre témoins, il y a eu madame Pastora Mira Garcia.

"Jamais un témoignage n’avait soulevé pareille ovation de la part d’une assemblée lors d’une rencontre avec le Pape. Pastora Mira García a accordé le pardon aux assassins de son père, de son mari, de son fils et de sa fille, durant la guerre civile. Elle l’a racontée avec une grande dignité durant la grande célébration de la réconciliation nationale voulue par le pape François lors de son voyage apostolique, le 8 septembre, à Villavicencio. Dans la foule, estimée à plus de 6000 personnes, des milliers de victimes, militaires, ex-guérilleros, ont été touchés par la profondeur des paroles de celle qui a été capable de « pardonner l’impardonnable », comme l’a souligné le Pape.

« Merci Pastora »

La vie de Pastora Mira Garcia a été brisée quatre fois par la violence des conflits : tout d’abord son père a été assassiné par la guérilla, lorsqu’elle était enfant. Puis son mari. Puis sa fille Sandra Paola enlevée et dont a retrouvé le cadavre sept ans plus tard. Et enfin son fils, Jorge Anibal, assassiné à son tour par la même guérilla après avoir été torturé. Pendant la cérémonie, parmi d’autres témoins — dont une victime et deux repentis — elle a déposé une bougie et la chemise que sa fille assassinée avait offert à son petit frère, au pied du Christ de Bojaya où, le 2 mai 2002, des dizaines de personnes réfugiées dans l’église du diocèse de Quibdo furent assassinées : un crucifix « mutilé et blessé », devenu symbole de réconciliation et de pardon. (1) "

Voici le témoignage de cette chrétienne extraordinaire. La vidéo est traduite en français.

GRANDE RENCONTRE DE PRIÈRE POUR LA RÉCONCILIATION NATIONALE
DISCOURS DU SAINT-PÈRE
Parque Las Malocas (Villavicencio)
Vendredi, 8 septembre 2017

Chers frères et sœurs,

Depuis le premier jour j’ai désiré qu’arrive ce moment de notre rencontre. Vous portez dans vos cœurs et dans votre chair des empreintes, les empreintes de l’histoire vivante et récente de votre peuple, histoire marquée par des événements tragiques mais aussi pleine de gestes héroïques de grande humanité et de haute valeur spirituelle, de foi et d’espérance. Nous les avons écoutés. Je viens ici avec respect et avec la claire conscience, comme Moïse, de fouler une terre sacrée (cf. Ex 3, 5). Une terre arrosée par le sang de milliers de victimes innocentes et par la douleur déchirante de leurs familles et de leurs proches. Des blessures qu’il coûte de faire cicatriser et qui nous font mal à tous, parce que chaque violence commise contre un être humain est une blessure dans la chair de l’humanité ; chaque mort violente nous diminue en tant que personnes.

Je suis ici non pas tant pour parler moi, mais pour être près de vous, vous regarder dans les yeux, pour vous écouter, ouvrir mon cœur à votre témoignage de vie et de foi. Et, si vous me le permettez, je désirerais aussi vous embrasser et, si Dieu m’en donne la grâce, car c’est une grâce, je voudrais pleurer avec vous, je voudrais que nous prions ensemble et que nous nous pardonnions – moi aussi je dois demander pardon – et qu’ainsi, tous ensemble, nous puissions regarder et aller de l’avant avec foi et espérance.

Nous sommes rassemblés aux pieds du Crucifié de Bojaya, qui, le 2 mai 2002, vit et souffrit le massacre de dizaines de personnes réfugiées dans son église. Cette statue a une forte valeur symbolique et spirituelle. En la regardant nous contemplons non seulement ce qui s’est passé ce jour-là, mais aussi tant de souffrance, tant de mort, tant de vies brisées et tant de sang versé en Colombie ces dernières décennies. Voir le Christ ainsi, mutilé et blessé, nous interpelle. Il n’a plus de bras et il n’a plus de corps, mais il a encore son visage qui nous regarde et qui nous aime. Le Christ brisé et amputé est pour nous encore « davantage le Christ », parce qu’il nous montre, une fois de plus, qu’il est venu pour souffrir pour son peuple et avec son peuple ; et pour nous apprendre aussi que la haine n’a pas le dernier mot, que l’amour est plus fort que la mort et la violence. Il nous apprend à transformer la souffrance en source de vie et de résurrection, pour que, unis à lui et avec lui, nous apprenions la force du pardon, la grandeur de l’amour.

Merci à vous quatre, nos frères qui avez voulu partager vos témoignages, au nom de beaucoup d’autres. Combien, cela semble égoïste, mais combien cela nous fait du bien d’écouter vos histoires ! Je suis bouleversé. Ce sont des histoires de souffrances et d’amertume, mais aussi et surtout, ce sont des histoires d’amour et de pardon qui nous parlent de vie et d’espérance ; de ne pas laisser la haine, la vengeance et la souffrance s’emparer de notre cœur.

L’oracle final du Psaume 85 : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (v. 11) est postérieur à l’action de grâce et à la supplication où l’on demande à Dieu : Fais-nous revenir ! Merci Seigneur pour le témoignage de ceux qui ont infligé de la souffrance et qui demandent pardon ; de ceux qui ont injustement souffert et qui pardonnent. Cela est possible seulement par ton aide et par ta présence… cela est déjà un très grand signe que tu veux restaurer la paix et la concorde sur cette terre colombienne.

Pastora Mira, tu l’as très bien dit : tu veux déposer toute ta souffrance, et celle de milliers de victimes, aux pieds de Jésus crucifié pour qu’elle soit associée à la sienne et soit ainsi transformée en bénédiction et en capacité de pardon pour briser le cycle de violence qui a prévalu en Colombie. Et tu as raison : la violence engendre la violence, la haine engendre plus de haine et la mort plus de mort. Nous devons briser cette chaîne qui parait inéluctable, et cela est possible seulement par le pardon et une réconciliation concrète. Et toi, chère Pastora, et beaucoup d’autres comme toi, vous nous avez montré que cela est possible. Avec l’aide du Christ, du Christ vivant au milieu de la communauté, il est possible de vaincre la haine, il est possible de vaincre la mort, il est possible de recommencer et d’apporter la lumière à une Colombie nouvelle. Merci Pastora ; quel grand bien tu nous fais à tous, aujourd’hui, par le témoignage de ta vie. C’est le crucifié de Bajaya qui t’a donné cette force de pardonner et d’aimer, et pour t’aider à voir, en la chemise que ta fille Sandra Paola avait offerte à ton fils Jorge Anibal, non seulement le souvenir de leur mort, mais aussi l’espérance que la paix triomphe définitivement en Colombie. Merci ! Merci ! (2)

Seule la grâce de Dieu peut opérer de telles merveilles dans le cœur humain. Quelle est belle, quelle est grande notre religion !!!  Combien la grâce peut être puissante dans un cœur bien disposé, un cœur ouvert et libre !!!

La haine n'a pas le dernier mot - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=ib9UGFjgFEw
Il y a 6 jours - Ajouté par The Vatican - Français
Au pied du crucifix de Bojayá, symbole du massacre de cette ville où le 2 mai 2002 une bombe lancée par la ...



(1) 

Colombie : le témoignage de pardon qui a ému le Pape - Aleteia

https://fr.aleteia.org/2017/09/.../colombie-le-temoignage-de-pardon-qui-a-emu-le-pap..

(2)

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