lundi 31 octobre 2016

Adorer c'est se laisser regarder par Jésus

Adorer c’est se laisser regarder par Jésus

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                La Sainte Face, Saint Suaire de Turin

Il y a un an, nous avons implanté en notre paroisse les Cellules Paroissiales d’Évangélisation (CPÉ). Le premier pilier des CPÉ est l’Esprit Saint. Le deuxième pilier est l’adoration eucharistique.

Je désire vous partager aujourd’hui en quoi consiste, pour moi, l’essentiel de l’adoration eucharistique. L’essence même de l’adoration eucharistique consiste à se laisser regarder par Jésus. C’est tout ce que nous avons à faire devant Jésus Pain de Vie exposé devant nous: imaginer qu’Il nous regarde avec tendresse et amour. Nous imaginons son regard, mais son regard imaginé est bien réel. Il est certain que Jésus fait chair dans l’hostie consacrée, nous regarde avec amour. Et c’est ce regard imaginé mais bien réel qui est l’agent le plus fort de la transformation du cœur d’un chrétien ou d’une chrétienne. De cela, je suis de plus en plus convaincu.

Le Père Raniero Cantalamessa, dans son dernier livre, a écrit une phrase qui m’a bouleversé, tant elle est mystérieuse et vraie. Mystérieuse parce qu’à première vue, je ne voyais pas comment elle pouvait être vraie. Mais l’épisode de Zachée que nous avons entendu hier en Église, me convainc de la vérité des dires du Père Cantalamessa. Voici d’ailleurs ce qu’écrit le prédicateur pontifical concernant la rencontre de Jésus avec Zachée:

« Mais Zachée est de petite stature, il ne voit rien. Il grimpe à l’arbre. Jésus arrive et lève les yeux (d’après beaucoup de récits dans l’Évangile, il semble que les yeux de Jésus aient eu un pouvoir miraculeux; ils parlaient davantage même que ses paroles). Et il l’appelle par son nom  » (Raniero Cantalamessa, Le regard de la Miséricorde, p. 42).

Ces quelques lignes du Père Cantalamessa, ont été une véritable révélation pour moi. Je me suis souvent demandé comment il se fait que Zachée et Lévi (qui est aussi un publicain et qui deviendra l’apôtre et évangéliste Matthieu) ont pu laisser de côté en un instant leur amour désordonné de l’argent. Je sais maintenant que tous deux doivent leur conversion au regard pénétrant et Miséricordieux du Maître qu’est Jésus, notre Seigneur:   

« Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit: « Zachée, descends vite: aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. (Lc 19, 5-6)
  
 « Après cela, Jésus sortit et vit un publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts) du nom de Lévi assis au bureau des impôts. Il lui dit: « Suis-moi. » Abandonnant tout, l’homme se leva; et il le suivait. » (Lc 5, 27-28)

Il est évident pour moi que lorsque Jésus a appelé Lévi à le suivre, il l’a regardé droit dans les yeux. Ce que les évangiles ne disent pas explicitement, nous pouvons assez souvent l’imaginer.

Un des textes des évangiles le plus frappants concernant les « yeux de Jésus », est celui qui nous raconte l’appel du jeune homme riche, en saint Marc. Un jeune homme (c’est l’évangéliste Matthieu qui nous apprend que l’homme était jeune) demande à Jésus ce qu’il doit faire pour avoir en héritage la vie éternelle. À un certain moment, l’évangéliste saint Marc nous dit ceci:

« Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit: « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » (Mc 10, 21-22).

Vous allez peut-être me dire que le regard de Jésus ce jour-là n’a pas été si miraculeux que cela; car le jeune homme n'a pas répondu favorablement à l'appel du Maître. Mais les évangiles ne nous disent pas tout. Qui sait ce que ce jeune homme est devenu? S’il a essayé de découvrir la cause de la tristesse qui l’a envahi en quittant la présence de Jésus, il a peut-être réalisé que ce jour-là, il a fait une grave erreur. Et peut-être s’est-il mis volontairement plus tard à la suite du Maître. Mais peu importe; une chose est certaine: ce jeune homme a fait ce jour-là l’expérience de l’amour infini de Jésus pour lui. Et cela a certainement marqué sa vie. Le plus beau commentaire que j’ai lu sur ce passage biblique, vient du pape Jean-Paul II. S’adressant aux jeunes du monde entier, en l’année internationale de la jeunesse 1985. le pape leur a dit ceci :

"Je vous souhaite de connaître l'expérience de ce que dit l'Évangile: "Jésus fixa sur lui son  regard et l'aima". Je vous souhaite de connaître un tel regard! Je vous souhaite de faire l'expérience qu'en vérité, lui, le Christ, vous regarde avec amour! ...     

Je souhaite à chacun et à chacune de vous de découvrir ce regard du Christ, et d’en faire l’expérience jusqu’au bout. Je ne sais à quel moment de votre vie. Je pense que cela se produira au moment le plus nécessaire: peut-être au temps de la souffrance, peut-être à l’occasion du témoignage d’une conscience pure, comme dans le cas de ce jeune homme de l’Évangile, ou peut-être justement dans une situation opposée, quand s’impose le sens de la faute, le remords de la conscience: le Christ regarda Pierre à l’heure de sa chute, après qu’il eût renié son Maître par trois fois.

II est nécessaire à l’homme, ce regard aimant: il lui est nécessaire de se savoir aimé, aimé éternellement et choisi de toute éternité. En même temps, cet amour éternel manifesté par l’élection divine accompagne l’homme au long de sa vie comme le regard d’amour du Christ. Et peut-être surtout au temps de l’épreuve, de l’humiliation, de la persécution, de l’échec, alors que notre humanité est comme abolie aux yeux des hommes, outragée et opprimée: savoir alors que le Père nous a toujours aimés en son Fils, que le Christ aime chacun en tout temps, cela devient un solide point d’appui pour toute notre existence humaine. Quand tout nous conduit à douter de nous-mêmes et du sens de notre vie, ce regard du Christ, c’est-à-dire la prise de conscience de l’amour qui est en lui et qui s’est montré plus puissant que tout mal et que toute destruction, cette prise de conscience nous permet de survivre.

Je vous souhaite donc de faire la même expérience que le jeune homme de l’Évangile: "Jésus fixa sur lui son regard et l’aima."  (Jean-Paul II, Lettre apostolique à tous les jeunes du monde, le 31 mars 1985)

Le pape François, à la question suivante que lui posait son confrère jésuite, le Père Antonio Spodaro « Qui est Jorge Mario Bergoglio ? », a répondu :

« La meilleure synthèse, celle qui est la plus intérieure et que je ressens comme étant la plus vraie est bien celle-ci: Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard ». Il poursuit: « Je suis un homme qui est regardé par le Seigneur. Ma devise, Miserando atque eligendo, je l’ai toujours ressentie comme profondément vraie pour moi. Le gérondif latin miserando me semble intraduisible tant en italien qu’en espagnol. Il me plaît de le traduire avec un autre gérondif qui n’existe pas: misericordiando (en faisant miséricorde) ». (1)

Il est clair dans mon esprit qu’en disant cela, le pape fait référence au 21 septembre 1953, jour de la fête liturgique de saint Matthieu, alors que le jeune Jorge Bergoglio a fait une expérience extraordinaire de la Miséricorde de Dieu. Ce jour-là, le jeune Jorge a senti que Jésus l’a regardé avec un immense amour. C’est de ce regard dont je vous parle aujourd’hui. Il ne s’agit pas de voir de nos yeux les yeux de Jésus. Il s’agit d’imaginer les yeux de Jésus posés sur nous. Dans mon testament spirituel écrit il y a environ une dizaine d’années, j’ai mis ces phrases en conclusion:
Conclusion :
Ce que vous venez de lire et contempler, est la chose la plus importante que je laisserai en ce monde. De tout ce que j’aurai fait sur notre petite planète bleue, c’est la chose que je suis le plus fier d’avoir réalisée. Le message contenu dans ce cahier intitulé « Les Yeux de l’Amour » est donc, en quelque sorte, mon « testament spirituel ».

Ma seule raison de vivre est que j’ai un jour rencontré les Yeux de l’Amour, comme dans un miroir et non face à face, comme dirait saint Paul (1Cor 13,12). Et cela me suffit. Je ne vis plus maintenant que dans l’espérance de voir « face à face » les « Yeux de l’Amour ». J’espère que ce testament spirituel aidera de nombreuses personnes à vivre à chaque jour sous le regard amoureux de Jésus. 

Lorsque j’avais une vingtaine d’années, l’écrivain français Gilbert Cesbron (1913-1979), de passage au Canada, a été interviewé à la télévision. Le journaliste a demandé à cet écrivain: « M. Cesbron, pour vous, qu’est-ce que la mort ? »  Gilbert Cesbron a eu cette réponse extraordinaire: « Pour moi, la mort, c’est lorsque les yeux de la Sainte Face s’ouvriront pour moi ». Pour comprendre la beauté de cette phrase, il faut savoir que la Sainte Face dont Gilbert Cesbron parle, est l’image de Jésus imprégnée sur le Saint Suaire de Turin, suaire qui aurait recouvert le corps de Jésus déposé de la croix. On devine que si monsieur Cesbron a donné une telle réponse, c’est qu’il devait souvent prier devant la Sainte Face. Et pour lui, la mort consistera précisément en ceci: ces yeux de Jésus qu’il a si souvent contemplés fermés et tuméfiés, s’ouvriront finalement pour lui. La mort est donc une rencontre pour Gilbert Cesbron; une rencontre d’amour; une rencontre où ses yeux croiseront les « Yeux de l’Amour ». Je comprends maintenant pourquoi je n’ai jamais oublié ce passage de Gilbert Cesbron à la télévision canadienne.           

P. Guy Simard, omv  (2)

Lorsque nous adorons Jésus-Eucharistie, essayons d’imaginer les yeux de Jésus posés sur nous. Car il est certain que c’est cela qui se passe, quand nous nous tenons en sa présence. Jésus nous regarde avec amour et c'est cet amour qui nous transforme et nous purifie.


(1) L'entretien avec le pape François - La Santa Sede https://w2.vatican  

(2) 

Les Yeux de l'Amour - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=C4hTSQkji7o

8 nov. 2012 - Ajouté par Guy Simard
Ma seule raison de vivre est que j'ai un jour rencontré les Yeux de l'Amour, comme dans un miroir et non ... 



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