lundi 5 septembre 2016

La "confirmation" pour être marraine ou parrain

La  « confirmation » pour
être marraine ou parrain
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Note écrite le 21 janvier 2018: Chers lecteurs, chers lectrices, vous savez comme moi qu’il nous arrive de changer d’idée; et il est bien qu’il en soit ainsi. Ma réflexion sur le thème du blogue ci-dessous, s’est poursuivie depuis que j’ai écrit ce blogue en septembre 2016. Pour connaître ma position actuelle sur la question, voir le blogue suivant: 

Dieu ma joie: Pour construire, il faut se déconstruire

dieumajoie.blogspot.com/2018/01/pour-construire-il-faut-se-deconstruire_17.html


C’est la troisième fois que j’aborde ce thème sur mon blogue (voir les notes au bas du présent blogue). C’est un signe évident que ce sujet me tient vraiment à cœur. Voici où j’en suis dans ma réflexion. Vous trouverez au bas du présent blogue, la référence aux deux autres textes qui ont trait à ce sujet. Il est bon de savoir que pour être parrain ou marraine de baptême dans l'Église catholique, il faut être confirmé. 

Ce texte s’adresse tout particulièrement aux personnes qui ont été choisies pour devenir parrain ou marraine à un baptême.

Je suis curé de paroisse depuis environ 15 ans. Je suis au courant du monde dans lequel je vis. Je ne vis pas sur une autre planète. Ici, à Montréal, nous vivons dans une grande ville déchristianisée. Le christianisme n’est plus du tout à la mode. Nos humoristes se plaisent à faire des farces sur la religion et sur les « curés » (ils devraient plutôt employer le mot « prêtres » car c’est de cela qu’ils veulent parler) et les milliers de personnes qui payent pour aller voir et entendre nos humoristes, rient de bon cœur à chaque fois qu’on ridiculise les prêtres ou notre religion. Voilà la « situation générale » de la foi au Québec, en particulier chez la jeune génération.

Dans les circonstances, il est très étonnant de voir de jeunes couples qui veulent faire baptiser leurs enfants. C’est moi qui fais la première rencontre de préparation au baptême dans ma paroisse. Voici ce qui s’y passe. Je commence par me présenter; je demande ensuite à chaque personne de se présenter et de dire ce qu’elle fait dans la vie. Une fois que cela est fait, je demande à chaque personne de me dire ce qu’elle a reçu comme enseignement religieux. La plupart des personnes ont reçu un certain enseignement catholique. Je leur demande ensuite ce qu’ils savent sur Jésus. Qui est Jésus à ce qu’on dit, ou pour eux-mêmes? La réponse la plus belle et la plus profonde que je reçois est la suivante: « Jésus est le Fils de Dieu ». Je leur dis alors que cette réponse est très belle et très vraie. Et je leur pose alors la question suivante: « Mais Jésus est-il Dieu? » Sur un groupe de 15 participants, quatorze me répondent catégoriquement: « NON ».  Voilà ce qui se passe depuis trois ans que j’agis ainsi. Nous baptisons quand même les enfants de ces parents, parrains et marraines, tout en sachant que le jour du baptême, nous leur demanderons s’ils croient en Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit, à l’Église catholique et à la résurrection des morts. Voilà ce que je fais comme prêtre depuis quinze ans, malgré l’incohérence évidente de cette façon de procéder.

Je continuerai, pour le moment, à accepter que des enfants de parents catholiques soient baptisés dans l’Église catholique. Depuis que je suis curé de paroisse, vu la situation particulière que l'on vit au Québec, j'ai un minimum très bas auquel je me conforme pour accepter de baptiser un enfant. J'accepte de baptiser si une personne parmi les parents, le parrain et la marraine a la foi en Dieu. Je ne parle pas ici de la foi en Jésus Fils de Dieu mort et ressuscité pour nous pécheurs; je parle de croyance en un Dieu personnel. Avouez comme moi que ce minimum est très bas. Je ne pourrais pas, je crois, mettre la barre plus basse. En avouant cela, je suis loin d'être fier de moi, comme vous pouvez facilement l'imaginer. Mais il y a une chose que je ne continuerai plus à faire, cela est sûr. Depuis de nombreuses années, de jeunes adultes sont choisis pour être parrains et marraines de baptême, mais ne sont pas confirmés. Ils n’ont pas reçu le sacrement de la confirmation. Le jeune adulte et la jeune adulte choisi(e) pour être parrain ou marraine, me contacte pour recevoir la confirmation. Il ne s’agit pas ici de baptiser un enfant, il s’agit de confirmer un ou une adulte dans la foi de son baptême. Il s’agit de rendre fort le baptême et la foi d’un adulte. Si je vois que la personne adulte ne sait pas et surtout ne croit pas que Jésus est Dieu, que Jésus est notre Sauveur à tous, que nous sommes tous de pauvres pécheurs qui ont besoin de la Miséricorde de Dieu et de son aide à chaque jour, je ne commencerai pas un long cheminement en vue de la confirmation. Ce long cheminement, je l’ai vécu et je l’ai fait vivre à des adultes depuis trois ans au moins. Dans certains cas, ce fut très beau car les jeunes adultes croyaient en Jésus Fils de Dieu et Sauveur du monde. Mais dans d’autres cas, les jeunes adultes n’avaient pas la foi chrétienne au début du cheminement, et ne l’avaient pas non plus à la fin du cheminement. Dans ces cas, j’ai perdu mon temps presque en totalité et j’ai fait perdre le temps de ces adultes. Je doute que le sacrement de confirmation ait produit quoi que ce soit en eux. Le sacrement de la confirmation n’a pas été alors vécu comme il devrait l’être et je suis en grande partie responsable de cela. Cette façon de faire de la pastorale est à mes yeux une comédie. C’est rire des gens et rire de la religion que de perpétuer cette façon de faire. Je ne m’engagerai plus dans cela à l’avenir. Si certaines personnes jugent que de donner un sacrement à un adulte qui n’a pas le minimum de foi chrétienne, est une chose belle et bonne à faire, cela les regarde. Mais de mon côté, je ne veux plus jouer à cette comédie. Je veux désormais respecter davantage notre religion et les personnes qui me sont confiées.

Toutefois, si vous désirez mieux connaître la religion dans laquelle vous avez été baptisés, et si vous désirez savoir un peu plus et un peu mieux ce que c’est qu’être chrétien, je suis disponible pour cela. Je suis prêt à vous rencontrer régulièrement. Je suis convaincu que si vous apprenez à connaître davantage Jésus et que votre désir de le connaître et de l’aimer augmente avec le temps, Dieu vous accordera gratuitement et magnanimement le DON DE LA FOI.

On me dira peut-être que je ne suis pas très cohérent; que le principe que j'applique pour les adultes qui demandent la confirmation, devrait aussi être appliqué pour les adultes qui demandent le baptême pour leur enfant. J'avoue qu'il y a là une certaine contradiction que je ne suis pas prêt à résoudre pour le moment. Mais, comme le dit le dicton populaire: " Il faut bien commencer quelque part ".  

Deux de mes meilleurs amis avaient perdu la foi chrétienne à l’adolescence. Ils m’ont dit qu’ils ont toujours cru en Dieu, mais qu’ils n’étaient pas chrétiens. Durant leurs années au CEGEP, ils ont eu un professeur de philosophie qui les a beaucoup interpellés au niveau de la foi. Comme mes deux amis étaient intrigués et voulaient en connaître davantage sur la foi catholique, ce professeur leur a donné le conseil suivant qui peut sembler un peu farfelu, mais qui est très sage: « Faites comme si vous aviez la foi, et Dieu vous l’accordera. ». Autrement dit, priez Dieu et il vous exaucera. Mes deux amis ont suivi le conseil de ce professeur et sont devenus d'excellents chrétiens catholiques. 

De nos jours, non seulement la foi chrétienne, mais aussi la foi en Dieu « tout court » sont non seulement mise en doute, mais aussi battues en brèche. Je suis convaincu qu’une des prières que notre Père du ciel exauce toujours, est celle-ci: « Cher Dieu, je ne sais pas si vous existez ou non. Mais si vous existez, montrez-moi le; faites-moi découvrir votre présence. Je vous le demande bien sincèrement et bien humblement. ». Cette prière peut aussi être exprimée différemment, en autant qu’elle ait un contenu semblable. Il est vrai qu’il y a quelque chose d’incongru et de bizarre, dans le fait de faire une prière à Dieu alors que nous ne savons pas s’il existe ou non, mais cette façon de faire, étonnamment, porte de très beaux fruits.

Que Dieu vous bénisse !

Guy, omv

Ajout: Une personne a réagi à ce blogue en m'invitant gentiment à lire un très beau message du pape François dans lequel il loue l'inclusion et désapprouve l'exclusion. Cette remarque n'était pas très subliminale. Je crois avoir compris le message qui m'était envoyé. J'ai répondu ceci: 

Il ne s’agit pas d’exclure; il s’agit de former. Que pensez-vous de cette phrase que le pape a dite le 18 juin dernier à des jeunes de Rome: « Il vaut mieux ne pas se marier, ne pas recevoir le sacrement, si tu n’es pas certain du fait qu’il y a là un mystère sacramentel, qu'il y a là l’étreinte entre le Christ et l’Église; si tu n’es pas bien préparé » (1). Est-ce que vous pensez que le pape a voulu ainsi exclure des jeunes de la possibilité de se marier? Non. Il désire seulement que les jeunes sachent ce qu’ils font et qu’ils y croient. Sans la foi chrétienne, il n’y a pas de sacrement. Or plusieurs jeunes adultes n’ont pas le minimum de foi chrétienne et vivent un sacrement. Je trouve cela aberrant. Et je trouve très triste qu’on m’accuse d’exclure alors que j’offre de donner tout le temps qu’il faudra à une personne qui désire connaître et aimer un Jésus dont elle a entendu parler, mais qu’elle ne connaît pas. 


Deuxième ajout: Un de mes deux amis dont j’ai parlé dans le présent blogue, vient de m’envoyer un commentaire. Puisque ce commentaire est très pertinent au sujet traité, je vous le partage:

Cher Guy,

J’aimerais te remercier encore une fois pour tes articles qui me font beaucoup de bien. Il y a une grande fraîcheur et authenticité dans tes propos. J’admire aussi ta grande humilité qui transparaît souvent dans tes écrits.

Dans ton dernier blogue sur la confirmation, tu écris: «On me dira peut-être que je ne suis pas très cohérent; que le principe que j'applique pour les adultes qui demandent la confirmation, devrait aussi être appliqué pour les adultes qui demandent le baptême pour leur enfant. J'avoue qu'il y a là une certaine contradiction que je ne suis pas prêt à résoudre pour le moment.»

Je partage avec toi quelques réflexions sur le sujet, en espérant qu’elles te seront utiles.

Pour ma part, je ne trouve aucune contradiction dans le fait de baptiser des enfants de parents qui n’ont pas la foi et de ne pas confirmer des adultes qui sont dans la même situation.

L’Église demande, sauf en cas de danger de mort, que les parents (au moins l’un des deux ou ceux qui en tiennent la place légitimement) consentent au baptême de leur enfant (Canon 868). Mais cela n’implique pas qu’ils aient la foi catholique. Ils peuvent y consentir pour bien des motifs tout à fait légitimes, sans avoir eux-mêmes la foi. Ils peuvent, par exemple, avoir une certaine sympathie pour la foi chrétienne, sans être eux-mêmes chrétiens. Ils peuvent être proches de la foi catholique et cheminer vers elle, sans l’avoir.

L’Église demande, pour baptiser un enfant, qu’il y ait un espoir fondé que l’enfant sera éduqué dans la foi catholique (Canon 868). Mais comment alors cet espoir peut-il exister si les parents n’ont pas la foi? L’enfant est baptisé dans la foi de l’Église. Et, pour s’assurer que l’enfant recevra une éducation catholique, elle demande que l’enfant ait un parrain et/ou une marraine qui vont avoir pour rôle de s’assurer que l’enfant reçoive bien cette éducation. Le rôle du parrain et de la marraine est extrêmement important, surtout dans le cas où les parents n’ont pas la foi catholique. Il faut le redécouvrir. L’Église exige des conditions pour le parrain et la marraine qui ne sont aucunement exigées des parents (canon 874).

Il serait bien dommage de priver du baptême un enfant de parents qui n’ont pas la foi mais qui consentent à son baptême dans des circonstances où il y a (par exemple, les parrains s’assurent de l’éducation catholique de l’enfant) vraiment un espoir fondé que l’enfant soit éduqué dans la foi catholique.

Concernant la confirmation, il faut exiger de la personne qui la reçoit qu’elle soit dans les dispositions requises. Ces dispositions sont décrites au Canon 889. On ne peut exiger des parents qui veulent faire baptiser leur enfant qu’ils soient dans les mêmes dispositions que la personne qui demande la confirmation.

Je pense que mes propos sont conformes à l’enseignement et à la pratique de l’Église sur le sujet. J’ai pris la peine de le vérifier ce matin.

Bien amicalement,

Michel



(1) 

Visita del Santo Padre a "Villa Nazareth" (18 giugno 2016) | Francesco

https://w2.vatican.va/.../papa-francesco_20160618_villa-nazareth....
La citation que j'ai mise sur mon blogue, ne se trouve que dans le texte en italien qui reproduit non seulement l'allocution du pape, mais aussi les questions des jeunes et les réponses du pape aux jeunes. 

Voir aussi : 

Dieu ma joie: Je veux être marraine

dieumajoie.blogspot.com/2012/12/je-veux-etre-marraine.html

7 déc. 2012 - J'ai choisi comme titre le fait d'être marraine car je me rends compte que le désir d'avoir un filleul ou une filleule est beaucoup plus grand chez ...

Dieu ma joie: Pourquoi confirmer des non croyants?

dieumajoie.blogspot.com/2016/06/pourquoi-confirmer-des-non-croyants.html

16 juin 2016 - Et le mystère persiste car je me demande comment j'ai pu ces dernières .... dieumajoie.blogspot.com/2012/12/je-veux-etre-marraine.html.

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