dimanche 10 juillet 2016

Le Bon Samaritain

Le bon Samaritain
 

Il y a des concours de circonstances qui nous font voir la main de Dieu, cette main qu’on appelle la Providence.

En plein Jubilé de la Miséricorde, le Seigneur a voulu que soit proclamée en Église, en ce quinzième dimanche du temps ordinaire, la page évangélique que l’on appelle communément: le bon Samaritain. Cette parabole du bon Samaritain ne revient qu’une fois à tous les trois ans, durant l’année liturgique appelée « année C ». Le cycle des lectures du dimanche comprend trois années: année A, année B et année C. Le Seigneur, en sa Providence, a donc voulu qu’un des plus beaux textes évangéliques sur la miséricorde, soit proclamé durant le grand Jubilé de la Miséricorde. Oui, le Seigneur fait bien les choses.

Nous nous approchons aussi à grands pas des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) qui auront lieu à Cracovie à la fin du mois. Le thème choisit pour les dernières JMJ, sont les béatitudes. Cette année, comme il fallait s’y attendre, la béatitude thème des JMJ 2016, est la béatitude suivante: « Heureux les Miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ». Comme vous le savez, j’ai choisi dernièrement de mettre notre paroisse sous le patronage en quelque sorte du Bienheureux Pier Giorgio Frassati, ce jeune italien mort en 1925, à l’âge de 25 ans. Or en mars 1977, le cardinal Karol Wojtyla (qui deviendra un an et demi plus tard le pape Jean-Paul II) à Cracovie, lors d’une exposition sur les béatitudes, a dit de Pier Giorgio Frassati qu’il est « l’homme des huit béatitudes ». Cela dit beaucoup sur la sainteté du jeune Pier Giorgio. Normalement, un être humain durant sa vie, témoigne d’une des huit béatitudes proclamées par Jésus en saint Mathieu, chapitre 5, versets 3 à 12. Or Pier Giorgio durant sa vie, a mis en pratique les huit béatitudes. Cependant, je crois que toutes les personnes qui connaissent Pier Giorgio Frassati, seront d’accord pour dire que la « béatitude » dont il a le plus témoigné durant sa vie, est celle-ci: « Heureux les Miséricordieux car ils obtiendront miséricorde ». Pier Giorgio a essentiellement été un être de miséricorde.

Pier Giorgio Frassati est devenu en quelque sorte au fil des ans, le patron des Journées Mondiales de la Jeunesse. En 2008, pour les JMJ qui ont eu lieu à Sidney en Australie, les autorités religieuses ont demandé que la dépouille mortelle de Pier Giorgio qui est conservée en la cathédrale de Turin, soit transportée d’Italie à Sidney, pour les JMJ. Ce qui fut fait. En ce moment, le corps de Pier Giorgio Frassati est parti en voyage pour Cracovie, pour les JMJ 2016 qui auront lieu à la fin du mois. Il s’arrêtera à une vingtaine d’endroits pour que des gens puissent le prier et recourir à sa puissante intercession. Voici un texte publié par Radio Vatican:  

« Les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) approchent. Elles ont lieu cette année à Cracovie en Pologne, du 25 juillet au 1er août. Lors de ce rassemblement qui verra affluer des centaines de milliers de jeunes venus des quatre coins du monde, le corps du bienheureux Pier Giorgio Frassati (1901-1925) sera présent. Dans son message pour ces JMJ 2016, dont le thème est la béatitude de la miséricorde, le Pape François recommande aux jeunes d’imiter ce jeune homme emporté par la polio alors qu’il n’avait que 24 ans, pour réaliser les œuvres de miséricorde.

Lors de sa visite du 21 juin 2015 à la cathédrale de Turin, le Pape François s'était arrêté quelques instants en prière devant l'autel abritant habituellement les reliques. La propre grand-mère du Pape avait personnellement connu ce jeune homme, dans le Piémont du début du XXe siècle.

Pier Giorgio Frassati est un jeune fascinant : quatre papes ont reconnu en lui un exemple à donner aux jeunes. Étudiant à l’Institut polytechnique de Turin, il témoigne d’une sainteté dans la vie quotidienne, à la portée de tous, pour tous les âges, dans tous les milieux. Joyeux et passionné de montagne, il attire les jeunes de son âge par sa vie. L’amitié pour lui est un don précieux, mais les pauvres, les malades étaient sa principale préoccupation. » (1)


Dans le début de l’évangile proclamé aujourd’hui en Église, un docteur de la Loi, pose à Jésus une question pour le mettre à l’épreuve: « Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ». Voilà la question à mille dollars. Voilà LA QUESTION à se poser, la seule véritable question qui importe dans la vie. Et il est intéressant de noter qu’en l’année où furent fondées les JMJ, en 1985, qui était aussi l’année internationale de la jeunesse, le pape Jean-Paul II a écrit une lettre à tous les jeunes du monde. Cette lettre consiste en un long commentaire de la rencontre de Jésus avec un jeune. Ce jeune homme (2) était riche, nous disent les évangiles. Or il accourt vers Jésus, se jette à ses pieds et lui demande: « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? » (Mc 10, 17). Le pape Jean-Paul II dit aux jeunes que Jésus a dû être tellement heureux de voir un jeune lui poser la question qui importe pour toute vie humaine. Pier Giorgio était un jeune homme riche et il a très bien saisi et compris ce qu’il faut faire pour avoir en héritage la vie éternelle.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, cette même question est posée à Jésus par un docteur de la loi: « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus, comme il le fait souvent, répond à cet homme par une autre question: « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit? » Il est impossible de prendre au piège le Seigneur de l’univers. Jésus sait très bien que ce docteur de la loi connaît en son intelligence, la réponse à cette question. Mais la question n’est pas là. Comme on le verra dans un instant, l’important pour Jésus, ce n’est pas tant le « savoir », mais le « faire ». Le docteur de la Loi lui répond: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit: « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »

Le docteur de la Loi a eu raison de mentionner en tout premier lieu la primauté de Dieu : « aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute ses forces », voilà le premier dt tous les commandements. Je vais vous dire la phrase de Pier Giorgio Frassati qui m’impressionne le plus en ce moment dans ma vie. Pier Giorgio a dit un jour: « La foi qui m’a été donnée au Baptême me suggère avec ferme assurance: Par toi-même tu ne feras rien mais si tu avais Dieu pour centre de chacune de tes actions, alors tu parviendrais jusqu’au but ». Ce qui m’impressionne le plus dans la vie de Pier Giorgio, c’est à quel point il mettait Jésus au centre de sa vie. Sa vie était centrée sur Jésus. Chaque jour il participait à la messe et il se nourrissait du Corps et du Sang de Jésus. C’était là son but, son Amour, sa finalité. Et ensuite, durant la journée, il allait visiter Jésus en ses pauvres: « Jésus me rend visite chaque jour par la communion, et moi, je le lui rends bien modestement en visitant les pauvres. »

La grande tentation de l’être humain depuis le début de son existence sur cette terre, c’est l’indépendance. L’être humain est sans cesse tenté de mener sa vie comme il l’entend, indépendamment de toute contrainte et de tout secours qui lui viendrait d’autrui et surtout d’un Être supérieur qu’on nomme Dieu. Voilà la « grande tentation ». Or la vérité est tout autre: nous sommes totalement dépendants de Dieu. Sans Lui, nous ne pouvons RIEN faire. Jésus l’a dit du haut de toute son autorité: « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Mais avec Lui, avec Jésus, nous pouvons TOUT. Voilà ce qu’a compris Pier Giorgio; voilà ce qu’il a vécu.

La parabole du Bon Samaritain nous présente un homme qui est à l’image de Dieu, quelqu’un qui est tout remué en son intérieur, dès qu’il voit la souffrance, dès qu’il est en contact avec la souffrance. Voilà le véritable « miséricordieux »: celui ou celle qui est profondément touché par la misère d’autrui et qui fait quelque chose pour la soulager. Pier Giorgio, cet enfant de famille riche a été touché très tôt par la misère. Son cœur miséricordieux, il l’a reçu de notre Père Miséricordieux, comme un grand cadeau. Très tôt son cœur était tout remué par la misère et très tôt il a payé de sa personne pour aider les pauvres. Nous connaissons deux faits de sa tendre enfance qui prouvent cela. Un jour, alors qu’il était seul à la maison, une dame pauvre sonne à la porte et demande des sous. Le jeune Pier Giogio remarque que la dame tient dans ses bras un enfant qui n’ai ni chaussures, ni bas. Le jeune Pier Giorgio enlève ses souliers et ses bas et les donne à la dame en lui disant: « Pour vos enfants. ».

Un autre jour, un autre pauvre sonne à la porte. Il sent l'alcool et se voit refusé l'aumône par son père. Le petit Pier Giorgio se met à pleurer. Sa mère lui demande: « Pourquoi pleures-tu ? Son cœur parle à nouveau: « Peut-être que Jésus est passé et que nous l'avons chassé. »

Sur son lit de mort, la veille de sa mort, le vendredi 3 juillet 1925 (Pier Giorgio est mort le samedi 4 juillet 1925), alors qu’il venait de vivre depuis trois jours de très grandes souffrances physiques et morales, sa pensée se dirige vers la famille pauvre qu’il visitait chaque vendredi. Il demande alors à sa sœur Luciana d’aller à l’étage inférieur, près de son bureau, et de lui apporter un billet qu’elle trouvera à tel endroit. Sur ce billet, il y avait une prescription pour un malade. Il demande à sa sœur de voir à ce que ce billet se rende à la pharmacie et de mettre cela sur son compte. Pour être certain que Luciana s’en souvienne, il demande un crayon et écrit avec grande difficulté et de façon presque illisible, puisque son bras et sa main sont presque totalement paralysés, ce qu’il vient de lui dire. Il tenait à ce que la personne malade chez cette famille pauvre, reçoive sa médication. Ces faits puisés dans sa tendre enfance et sur son lit de mort résument toute sa vie au service des plus pauvres.

(1) Les reliques de Pier Giorgio Frassati seront exposées lors des JMJ de ...

fr.radiovaticana.va/...reliques_de_pier_giorgio_frassati_seront_exposées_lors_des_jm..

 

(2) C’est l’évangéliste Mathieu qui nous apprend que cet homme était jeune. Saint Marc nous parle d’un homme, sans mentionné qu’il était jeune.  



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