mercredi 29 juin 2016

Jas, neveu de Pier Giorgio, raconte

Jas, neveu de Pier Giorgio, raconte
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Jas Gawronski

Pier Giorgio Frassati avait une sœur nommée Luciana; elle était seize mois plus jeune que lui. Ils étaient de très grands amis. Luciana a écrit d’excellents livres sur son frère. Elle épousa Jan Gawronski et le couple eut six enfants dont Jas et Wanda. Jas est un journaliste politique et est membre du Parlement Européen. Wanda est très occupée à faire connaître son neveu à travers le monde. Elle donne de nombreuses entrevues et est même venue au Canada. Le Père Thomas Rosica fondateur de la chaîne télévisée Sel et Lumière, en a profité un jour pour l’interviewer (1).   

Un des livres les plus impressionnants qu’ait écrits Luciana à propos de son frère, raconte les derniers jours de sa vie. Pier Giorgio est mort en six jours: son agonie a duré du lundi 29 juin au samedi 4 juillet. Ce cher Bienheureux était né un Samedi Saint et il est mort un samedi, jour dédié à la Vierge Marie, cette Mère qu’il aimait tant. Aujourd’hui, 29 juin 2016, en la Solennité des apôtres Pierre et Paul, nous pouvons penser à l’agonie qu’a commencée à vivre Pier Giorgio le 29 juin 1925. Le livre de Luciana commence ainsi :

« Le matin de Saint Pierre, fête de son premier prénom, la mort a frappé à la porte de sa chambre. Durant des mois et des mois, il avait fait l’exhortation suivante : « La mort peut arriver d’un moment à l’autre. La vertu du chrétien est de toujours être prêt à la recevoir, à chaque jour. » (Traduction : Guy Simard, omv(2)

Dans l’édition italienne de ce livre, M. Jas Gawronski, le fils de Luciana et le neveu de Pier Giorgio, a écrit une préface. Je l’ai traduite pour vous. La voici:

 

 « Il n’est pas facile d’être le neveu d’un homme qui est saint, de l’avoir au sein de la famille, de sentir sa présence qui exalte et qui nous conditionne. Conditionnant (3) a été pour moi Pier Giorgio lors de mes années d’enfance et d’adolescence, quand j’entendais souvent parler de lui à la maison et que je ne le comprenais pas. De fait, je n’ai pas été tout de suite attiré par sa personnalité que je connaissais peu et que je refusais d’approfondir peut-être bien parce que j’avais la sensation qu’on me l’imposait. Ma curiosité envers lui est née et s’est développée quand j’ai commencé à voyager à travers le monde et à rencontrer des personnes qui le connaissaient et qui me parlaient de Pier Giorgio avec curiosité et enthousiasme. Un jour, en Haïti, dans une précaire petite salle VIP de l’aéroport, nous n’étions plus que deux personnes à attendre un avion qui était en retard: moi et un énorme prêtre noir que j’ai su par la suite être l’évêque de ce pays. Ne sachant plus de quoi parler, je lui ai dit que j’étais le neveu d’un Bienheureux, de Pier Giorgio Frassati. En entendant ce nom, il bondit sur ses pieds avec un élan qui semblait incompatible avec sa stature, il m’embrassa en me soulevant de terre, et il commença à me poser des questions qui révélaient sa connaissance étendue de la vie et de l’œuvre de mon oncle. Des épisodes comme celui-là m’ont fait penser que si dans tout le monde catholique on connaît et apprécie la figure de Pier Giorgio, il devait y avoir une raison que moi aussi j’aurais dû découvrir. Et les échos entendus à la maison, les souvenirs des récits que j’écoutais récalcitrant à l’époque, ont alors pris un ton différent, compréhensible et apte à être partagé.

J’ai commencé à m’informer, à lire les nombreux livres qui lui sont dédiés, surtout ceux de ma mère, dont celui-ci, qui parcourt les heures de son agonie et de sa mort, et qui est peut-être le plus touchant. J’ai cherché à parler avec des prêtres et des laïcs attirés par sa personnalité. Et j’ai rapidement compris que sa sainteté est différente de celle des autres, qu’elle est plus normale, plus simple, plus laïque, plus « extraordinairement ordinaire », comme quelqu’un l’a dit. Une sainteté que je sentais toujours plus proche. J’ai été particulièrement attiré par le fait qu’il soit un saint actif, avec une vision laïque de la religion, non enfermée dans les monastères ou dans les corridors de la Curie, mais pleine de lumière, capable de se répandre dans la société, dans le monde de l’école, de l’université, du travail, de la politique, et surtout des pauvres. Depuis ce temps, j’ai toujours pensé à Pier Giorgio comme étant un homme qui, s’il avait eu à choisir entre l’église et les pauvres, malgré son immense foi et son désir de prière, aurait toujours choisi d’aider et de fréquenter les malades et les nécessiteux, plutôt que de fréquenter les oratoires (ici, l’auteur fait allusion à ce que Don Bosco avait fondé. Don Bosco avait fondé des « oratoires », c’est-à-dire des lieux où les jeunes pouvaient se divertir et apprendre à devenir chrétiens, en particulier par un enseignement religieux).

C’est peut-être ce trait qui le rapproche le plus de Jean-Paul II, avec lequel il partageait aussi l’amour de la montagne. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de parler de Pier Giorgio avec le pape Wojtyla, et à chaque fois, ses yeux s’illuminaient avec une nouvelle énergie et un enthousiasme de jeune. Je me souviens du jour où ma famille et moi-même, avons reçu le pape à Pollone, dans la province de Biella, où il vint pour « rendre hommage », comme il le dit alors, à la tombe de Pier Giorgio. Il a atterri en hélicoptère sur le terrain voisin de notre maison, et dans le petit village, ce fut une grande fête. En saluant ma mère, il lui a fait une caresse sur la joue, et à ce moment, une pensée inconvenante me traversa l’esprit: je pensai que le pape était jaloux de qui avait connu Pier Giorgio aussi bien et avait partagé sa brève vie; que par cette caresse à la sœur de Pier Giorgio, il voulait effleurer le visage de ce saint qu’il avait aimé et béatifié.

Il m’est difficile de parler de Pier Giorgio, peut-être parce que sa vie a été si brève, peut-être parce qu’elle a été si simple, simplement dédiée à la charité qui l’animait jour et nuit. Maintenant il est pour moi comme une ancre à qui je confie mes problèmes, mes désirs et mes aspirations. Je voudrais qu’il le soit aussi pour mes enfants, pour leur laisser cet extraordinaire plaisir de découvrir graduellement son exceptionnelle normalité, comme l’ont fait et continueront de le faire tant de gens à travers le monde, et comme ce livre extraordinaire de ma mère nous aide à le comprendre.  

                                                          Jas Gawronski  (4)


Dans la vidéo ci-dessous, l’animatrice énumère les titres de M. Gawronski et les fonctions importantes qu’il a occupées durant sa vie; mais dès que l’énumération est terminée, M. Gawronski mentionne que la chose la plus importante dans tout cela, est le fait d’être le neveu de Pier Giorgio. À la deuxième minute et vingt-troisième seconde (2: 23), il dit ceci : 

« Mais la chose la plus importante, c’est mon oncle qui était le frère de ma mère et qui est béatifié, pas saint encore mais béatifié. C’est le frère de ma mère et c’est donc très très près de moi. Il est mort à 24 ans, il y a de cela 90 ans. Il continue à être connu parce que c’était un homme d’une nouveauté et d’une … (je suis incapable de savoir quel mot il prononce à ce moment-là) énormes. »

Alain Besançon et Jas Gawronski à l'Institut culturel italien de Paris ...

https://www.youtube.com/watch?v=n59Kp_9mFMc

7 janv. 2016 - Ajouté par iicparigi
Vidéo de la rencontre du 10 décembre 2015. Alain Besançon et Jas Gawronskidiscutent au sujet de "L'Église de ...


(1) 

Wanda Gawronska - Witness - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=a3jSME96II0

20 déc. 2011 - Ajouté par Salt and Light
Pier Giorgio Frassati was born into a prominent Italian family in 1901. Yet instead of enjoying a comfortable life of ...

(2) Luciana Frassati, Mio fratello Pier Giorgio una vita mai spenta, Aragano, 2010, p. 7.

(3) Jas emploie le mot « condizionante » à la fin de la phrase précédente et au début de la présente phrase. Ce mot est très difficile à traduire. Il évoque selon moi ce qu’en psychologie, nous appelons « l’inhibition ». Étant donné qu’il est très difficile de traduire ce mot, je l’ai gardé tel quel.

Inhibition: Selon que l'on se réfère à la psychiatrie ou à la psychanalyse, on trouve deux définitions un peu différentes de l'inhibition. Dans la première, l'inhibition est le blocage, involontaire et souvent douloureux, de l'activation émotionnelle, avec perte de réactions ou d'initiatives. 

(4) Luciana Frassati, Ibid, Premessa, pp. V à VII.






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