dimanche 30 mars 2014

Valoriser le sacrement de la réconciliation

Valoriser le sacrement de la réconciliation :
Résultats de recherche d'images pour « Recevez l'Esprit saint »
 "Jésus leur montra ses mains et son côté ...  Il souffla sur eux et leur dit: "Recevez l'Esprit Saint"  (Jn 20, 20-23). 

Suite aux invitations répétées de notre cher pape François, de tout faire pour valoriser le sacrement de la réconciliation (voir à ce sujet, le blogue  précédent), j’ai jugé bon de proposer à nouveau à votre méditation, un extrait du texte  que j’ai mis sur mon blogue, le 22 juin 2011, et qui avait pour titre: « Le prêtre et les sacrements ».

Du sacrement de pénitence au sacrement de la réconciliation :

Le sacrement de la réconciliation est un peu l’enfant pauvre parmi les sacrements, ou encore l’enfant mal-aimé. C’est très triste de voir les gens déserter si facilement le recours à ce sacrement. Je vais donc m’attarder plus longuement sur ce sacrement, d’autant plus que notre fondateur, le Père Bruno Lantéri a dit que l’Oblat de la Vierge Marie devrait mourir, idéalement, dans le confessionnal ou en prêchant.  

Parlons d’abord de la façon de nommer ce sacrement. Il est beau de voir que l’Église a changé le nom de ce sacrement : il est passé de « sacrement de la pénitence à sacrement de la réconciliation ». Les mots sacrements de pénitence faisaient allusion à un seul joueur : le pénitent. C’est le pénitent qui doit faire pénitence, et non pas Dieu. On était consciemment ou inconsciemment invité à mettre l’accent sur nous, l’attention sur nous. Grossière erreur ! Dans le sacrement de la réconciliation, l’accent doit être mis sur Dieu. D'où le changement de nom. Quand je dis « réconciliation », je vois tout de suite qu’il y a deux protagonistes. Et quiconque connaît bien la Bible, sait très bien que le beau rôle et le grand rôle dans le sacrement de la réconciliation, est joué par Dieu. En ce sens, les phrases suivantes de saint Paul sont très belles :

« Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. » (2 Cor 5, 18-21)

Ce texte de saint Paul est sûrement un des textes les plus importants en ce qui a trait au sacrement de la réconciliation. En d'autres mots, saint Paul nous dit : « Laissez-vous faire. Vous n’avez rien à faire pour vous réconcilier avec Dieu que de vous laisser-faire. Laissez-vous réconcilier avec Dieu. C’est Lui qui fait tout. » On a bien de la misère en Église à accepter cela. On veut toujours faire quelque chose pour mériter notre salut. Si on fait rien, on se sent coupable. C’est la grande distinction qu’on essaie de faire ces derniers temps entre « perfection » et « sainteté ». La perfection, c’est au bout d’un long cheminement et après bien des efforts. La sainteté, c’est tout de suite et maintenant. Est-ce que cela a pris du temps à Zachée pour être sanctifié ? Est-ce que cela a pris du temps au bon larron pour devenir un saint ? Est-ce que cela a pris du temps à Marie-Madeleine pour devenir une des plus grande saintes de l’Église? Et pourquoi, à nous, cela prendrait-il du temps? Le plus bel exemple de cela, ce sont les baptêmes d’adultes. Quand un adulte ou une adulte est baptisé(e), elle devient sainte immédiatement. Cela ne veut pas dire que la vie chrétienne n'implique aucun effort. Mais cela veut dire que pour être sanctifié, je n’ai qu’à me présenter devant Dieu avec humilité et repentir. C'est ce que Jésus nous a enseigné, à la fin de la parabole du pharisien et du publicain, en Luc 18, 9-14.   

Compréhension du sacrement :

Pour comprendre le sacrement de la réconciliation, il faut retourner au soir de son institution. Jésus est mort à cause de nos péchés et pour nos péchés le Vendredi Saint, et il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures. Or, le premier geste que Jésus a posé, au soir de la Résurrection, c’est de donner le pouvoir aux Apôtres de pardonner les péchés. Cela est assez extraordinaire, n’est-ce pas? C’est la première chose que Jésus a faite. Voici ce qui est dit dans l’évangile selon saint Jean :

« C'était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : «La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » (Jn 20, 19-23)

Ce qui frappe, en premier lieu lorsque nous écoutons ce passage de saint Jean et que nous pensons au sacrement de la réconciliation, ce sont les paroles de l’institution de ce sacrement : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis … » Or je pense, personnellement, qu’il y a beaucoup plus dans ce texte, en rapport avec le sacrement du pardon. Jésus nous indique aussi le plus grand bienfait que nous recevons de ce sacrement et la façon dont nous le recevons. Ce que je vous dis là, ce sont des intuitions que je viens tout juste d’avoir en préparant cet enseignement. Je n’avais jamais pensé à cela auparavant. Cela prouve qu’on a toujours des choses à apprendre et que l’enseignement est un excellent moyen d’apprentissage.

Les premières paroles du Ressuscité sont très importantes. Jésus se rend visible à ses disciples et leur dit: « La Paix soit avec vous ! » Ces paroles sont si importantes que Jésus les répète tout de suite après avoir montré ses plaies: « Il leur dit de nouveau:  « La Paix soit avec vous ! ». La paix, c’est le grand fruit que nous recevons, selon moi, dans le sacrement de la réconciliation: la paix avec Dieu, la paix en Dieu, la paix de Dieu. La paix, c’est aussi le dernier mot que le prêtre dit avant de pardonner les péchés au nom de Jésus. Avant de donner l’absolution proprement dite, le prêtre fait cette prière: « Que Dieu notre Père, vous montre sa miséricorde. Par la mort et la résurrection de son Fils, Il a réconcilié le monde avec Lui et Il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère de l’Église, qu’Il vous donne le pardon et la paix ». La paix, c’est le grand fruit du sacrement du pardon. Dieu nous donne son pardon pour que nous goûtions sa paix, pour que nous soyons en paix. Mais de quelle paix s’agit-il? Une fois de plus, c'est Jean l'évangéliste qui nous fournit la réponse à cette question. Jésus nous dit, en saint Jean: « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27) Jésus nous donne la paix, mais pas comme le monde la donne. Qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut certainement dire que Jésus peut nous donner une paix que personne d’autre ne peut nous donner. Cela est très intéressant si on l’applique au sacrement de la réconciliation. Lorsque nous péchons, tout notre être est affecté: notre corps, notre âme et notre esprit. Nous sommes habitués de parler de l’être humain comme étant un composé d’âme et de corps. Et cela est vrai. Mais l’être humain est aussi « esprit ». C’est ce que saint Paul essaie de nous faire comprendre dans sa première lettre aux Thessaloniciens :

« Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, soit gardé sans reproche à l'Avènement de notre Seigneur Jésus Christ. » (1 Th 5,23)

La distinction entre âme et esprit n’est pas facile à comprendre. Mais je pense que vous arriverez, comme moi, à saisir quelque chose de cela « intuitivement ». Ce que je vais dire dans un instant, est perçu par nous surtout grâce à l’intuition, et non pas tant par le raisonnement. Après avoir entendu mon interprétation, vous vous direz probablement : « Oui, je crois que le Père Guy a raison », mais vous serez pratiquement incapables d’expliquer la raison pour laquelle vous êtes d'accord avec moi. 

Le mot « âme » vient du mot grec « psuché » employé dans le Nouveau Testament et du mot hébreu : « nephesch ». Donc âme = psuché, d’où vient le mot « psychologique ». Il est vrai que le péché affecte en nous tout notre être psychologique. Le mot « esprit » vient du mot grec « pneuma » et du mot hébreu « ruah » qui veulent dire « souffle ». Quand on parle de l’esprit dans la Bible, on fait donc clairement référence au souffle divin que Dieu a mis en nous, à ce qui en nous est divinisé. On fait clairement référence à Dieu en nous. Or le péché se joue surtout là. On a appris tout jeune que le péché est une offense faite à Dieu. Mais il aurait été bon qu’on nous dise que le péché est une « offense faite à Dieu en nous». Et cette offense-là, cette souillure-là, seulement Dieu peut l’enlever. Il y a des gens qui nous confient avoir commis une grave trahison envers une personne. Elles disent que la personne trahie leur a pardonné. Mais elles ne sont pas encore en paix. Parfois elles ont suivi une thérapie pour guérir des séquelles psychologiques dues à leurs erreurs ou à leurs péchés; mais elles n’ont toujours pas la paix. Cela ne me surprend pas car cette paix- là, seul Dieu peut la donner. Il y a une partie de notre être, que la Bible appelle l’esprit, que seul Dieu peut voir, toucher et guérir. Et c’est là que se trouve la paix dont parle Jésus; c’est là que se joue la paix dont parle notre bien-aimé Sauveur.

« L’esprit (avec petit « e »), c’est ce que Thérèse d’Avila appelle « la fine pointe de l’âme ». C’est le lieu le plus profond de notre être, le sanctuaire caché là où Dieu se tient et nous souffle « viens vers le Bien, viens vers Moi, évite le mal, fais ce qui est bien », etc. Vatican II l’appelle simplement la conscience. La Bible parle du coeur de l'homme: son centre le plus profond .» (Ephata Forum catholique, Corps âme et esprit, 29 avril 2007)

Le sentiment qui doit nous animer: la confiance 

Le grand sentiment qui doit nous animer lorsque nous nous approchons du sacrement de la réconciliation, c’est la confiance. Autrefois, on disait que c’était la contrition. Je n'ai rien contre cela. Mais, personnellement, je préfère dire que c’est la confiance qui doit être le sentiment dominant chez la personne qui s'approche du sacrement de la réconciliation . Tout est dans la confiance; tout est une question de confiance. Surtout dans ce sacrement. Ma sainte préférée, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, lorsqu’elle est allée se confesser pour la première fois de sa vie, était tellement heureuse, tellement joyeuse. Comme je l’envie! Comme j'aimerais avoir les mêmes dispositions! Cette sainte a dit un jour : « C’est par la confiance, et seulement par la confiance, qu’on parvient à l’amour. » Vous avez tous entendu parler, j’imagine, de Sœur Faustine, la première Sainte canonisée de l’an 2000. Cette religieuse polonaise qui a eu des révélations du Sacré Cœur. Jésus lui est apparu et lui a demandé de faire faire une image selon le modèle qu’Il lui a montré. Il lui a aussi demandé d’écrire au bas de l’image, les mots suivants : « Jésus, j’ai confiance en Toi! ». Quelle belle phrase ! Et si on regarde bien cette représentation de Jésus, on dirait qu’Il est en train de donner le sacrement de la réconciliation; Il semble exécuter le geste de la main que le prêtre fait lorsqu’il absout les péchés.

 
«  Jésus, j’ai confiance en Toi ! »


Jésus a dit à Sœur Faustine :

" Ma fille, quand tu t'approches de la Sainte Confession, de cette source de ma Miséricorde, le Sang et l'Eau qui sont sortis de mon Coeur se déversent sur ton âme et l'ennoblissent. Chaque fois que tu te confesses, plonge-toi tout entière dans ma Miséricorde avec grande confiance, pour que je puisse répandre en ton âme toutes les largesses de ma grâce. Quand tu vas te confesser, sache que c'est moi-même qui t'attends dans le confessionnal. Je ne fais que me cacher derrière le prêtre, mais c'est moi seul qui agis dans l'âme. Ici, la misère de l'âme rencontre le Dieu de Miséricorde. Dis aux âmes qu'à cette source de Miséricorde elles ne puisent qu'avec le vase de la confiance. Lorsque leur confiance est grande, il n'y a pas de borne à mes largesses. Les torrents de ma grâce inondent les âmes humbles. Les orgueilleux seront toujours dans la misère et la pauvreté car ma grâce se détourne d'eux pour aller vers les âmes humbles. " (Petit Journal, § 1602)

C’est très beau ce que Jésus dit ici. Comment cela pourrait-il ne pas être beau puisque c’est le Seigneur qui le dit. Jésus nous parle à la fois de confiance et d’humilité. Seuls les humbles peuvent avoir un cœur confiant. Les orgueilleux ignorent la confiance. Je vais vous partager une expérience que j’ai faite il y a de cela cinq ou six ans, alors que je suis allé me confesser. J’ai été à l’Oratoire Saint-Joseph, où j’allais souvent me confesser et j’ai été très mal reçu, selon moi, par le prêtre. Je suis sorti du confessionnal très fâché, avec la nette impression que le prêtre avait été très bête avec moi. Il m’avait écouté et m’avait dit une seule phrase sur un ton pas mal sec : « Mais vous avez confiance en Dieu, non ? ». Après coup, j’ai réfléchi à cela et j’ai trouvé que ce prêtre avait très bien agi. Il a probablement essayé de me réveiller un peu. Je me souviens qu’en me confessant, j’avais pris un air et un ton pas mal piteux; je me sentais petit dans me souliers et si peu fier de moi. J’ai commencé ma confession comme je le fais toujours, en lui disant que j’étais prêtre et religieux. Voyant mon état d’âme, et surtout cette façon que j’avais de m’apitoyer sur moi-même, le prêtre m’a dit : « Mais vous avez confiance en Dieu, non ? » Quelle belle phrase ! Et combien cette phrase était bien placée ! Ce jour-là, j’étais centré sur moi au lieu d’être centré sur Dieu. J’étais centré sur mes péchés au lieu d’être centré sur la miséricorde. J’avais précisément oublié d’avoir confiance en Dieu, d’avoir confiance en Jésus.

Je veux terminer ce blogue par quelques lignes que m’a écrites un de mes meilleurs amis de Québec nommé Michel. Voici ce que m’a écrit Michel:

« Le passage suivant d'un film de Pagnol m'a fait penser au sacrement de la réconciliation: Angèle, entraînée par un mauvais garçon, s’est prostituée. Saturnin, l’employé de ses parents, vient la chercher à Marseille. (C'est Fernandel qui jouait le rôle de Saturnin.)

« Écoute, ce qui t’arrive en ce moment, voilà comment je le comprends… C’est comme si on me disait : « Notre Angèle est tombée dans un trou de fumier. » Alors moi j’irais, et je te prendrais dans mes bras, et je te laverais bien. Et je te passerais des bois d’allumettes sous les ongles, et je te tremperais les cheveux dans l’eau de lavande pour qu’il ne te reste pas une paille, pas une tache, pas une ombre, rien… Je te ferais propre comme l’eau, et tu serais aussi belle qu’avant. Parce que, tu sais, l’amitié, ça rapproprie tout, tout, tout… Et si un jour, par fantaisie, tu venais me dire : « Saturnin, tu te rappelles le jour où je suis tombée dans le fumier? » moi, je te dirais « Quel fumier ? … Où ?... Quand ? … Comment ? … » Moi, je t’ai vue si petite, que je te vois propre comme tu es née. »

En allant voir sur internet, j’ai appris que cette scène est tirée du film de Marcel Pagnol, intitulé: Angèle, film français réalisé en 1934 d’après le roman de Jean Giono intitulé: Un de Baumugnes. Cela nous montre à quel point tout nous parle de Dieu, tout nous instruit sur qui est Dieu: l’art, le roman, le cinéma, la peinture, la nature, etc.










samedi 29 mars 2014

Le pape François se confesse

Le pape François se confesse


Comme ses derniers prédécesseurs, le pape François a tenu, en ce magnifique temps du Carême, à donner lui-même, au nom du Seigneur, le sacrement de la réconciliation à des fidèles. Dans la vidéo que vous pourrez visionner dans un instant, nous voyons le pape, accompagné de son maître de cérémonie, se diriger vers un des confessionnaux de la basilique Saint-Pierre. Approchant du confessionnal qui lui a été désigné, le pape s’aperçoit que devant lui, un prêtre est dans un confessionnal, disponible pour entendre les confessions. Dans un geste qui semble tout à fait spontané et qui, à mes yeux, est loin de la dynamique du « m’as-tu vu ? », le pape se dirige vers ce prêtre pour recevoir le pardon du Seigneur. Ce qui m’impressionne dans cette vidéo, c’est de voir à quel point le pape prend le temps de rencontrer le Seigneur, par l’intermédiaire du prêtre. On sent qu’il y a un véritable dialogue entre les deux représentants du Christ. Il n’y rien de précipité dans cette rencontre. Le pape nous donne ainsi l’exemple du sérieux de cette démarche. Si nous voulons montrer le sérieux et la beauté du sacrement de la réconciliation, nous ne devrions jamais précipiter cette démarche, sous prétexte qu’il y a beaucoup de gens qui attendent leur tour pour recevoir le sacrement. Un dialogue, au moins minimal, entre le pénitent et le prêtre, est très important.


Voici comment l’agence ZENIT  a rapporté ce fait :

Le pape François s'agenouille à un confessionnal, se confesse et reçoit l'absolution publiquement

Recevoir la miséricorde pour pouvoir la communiquer

Rome,  (ZENIT.orgAnita Bourdin 

Le pape François a pris tout le monde par surprise lors de la « célébration de la pénitence » qu’il a présidée Saint-Pierre ce vendredi 28 mars, à partir de 17 h : après la liturgie de la Parole, l’homélie, la prière d’intercession et le Notre Père, le pape s’est dirigé vers un confessionnal pour écouter les confessions des fidèles. Mais au lieu de s’arrêter au confessionnal que lui indiquait le Maître des célébrations liturgiques pontificale, Mgr Guido Marini, le pape s’est dirigé vers le confessionnal d’en-face. Il s’est agenouillé et s’est confessé au prêtre qui attendait lui aussi des fidèles. Après avoir donné l’absolution au pape, le prêtre lui a baisé la main.

On avait déjà vu les papes confesser – Jean-Paul II le Vendredi Saint, de même que Benoît XVI, et le pape François, notamment aux JMJ ou en paroisse. Mais on n’avait jamais vu publiquement, en direct à la télévision, un pape qui allait lui-même recevoir le sacrement. 

  1. Le Pape François se confesse - vidéo dailymotion

    www.dailymotion.com/video/x1kaugt_le-pape-fran...

    28 mars 2014
    Le Pape François donne l'exemple en allant se confesser en premier, lors de la célébration pénitentielle à ..
    .

lundi 24 mars 2014

Soeur Cristina

Sœur Cristina


Dans le monde entier, ces jours-ci, on entend parler de Sœur Cristina, cette religieuse de vingt-cinq ans, originaire de la Sicile. C’est l’émission La Voce (nom italien de The Voice, ou La Voix) qui a révélé au monde entier l’existence de cette jeune femme consacrée au Seigneur. La vidéo qui nous la montre en train d’interpréter la chanson « No one » d’Alicia Keys, est devenue « virale » sur le web, ce qui signifie qu’elle se propage à la vitesse de l’éclair (ou à la vitesse d’un « virus ») dans le monde entier, grâce à l’internet. (1)

« Je suis là pour évangéliser »

Incrédule à la fin de la prestation de sœur Cristina, un membre du jury, Raffaella Carra, lui a demandé si elle était réellement une religieuse : « Oui je suis vraiment une sœur », a répondu la jeune ursuline, venue accompagnée de ses parents et de quatre sœurs de sa congrégation née en Lombardie au XVIe siècle. 

Dans la bouche de la religieuse, la chanson d’Alicia Keys, tirée de son troisième album As I Am sorti en septembre 2007, ne décrit plus la relation entre deux amants, mais se transforme en une prière adressée à Dieu: « Je te veux juste proche/ là où tu peux rester pour toujours/ tu peux être sûr que ce sera le meilleur endroit/ toi et moi ensemble jours et nuits » (Mikael Corre,  La Croix , 21 mars 2014).

L’histoire de cette jeune religieuse est très intéressante. À l’âge de dix-huit ans, celle que l’on nomme maintenant Sœur Cristina, ne songeait pas du tout à devenir religieuse. Au contraire, à cet âge-là, elle éprouvait plutôt de la rage contre l’Église. À cette époque, c’était le chant qui l’intéressait. En 2008, elle a participé à une sorte de « comédie musicale » dans laquelle elle interprétait le rôle de Soeur Rosa Rocuzzo, qui est à l'origine de la fondation des Soeurs Ursulines de la Sainte Famille (Orsoline della Sacra Famiglia), Congrégation religieuse fondée en 1908, dont les Constitutions ont été approuvées en 1979. C’est ce rôle joué dans la " comédie musicale ", qui a conduit Soeur Cristina sur le chemin de la foi, comme elle le dit elle-même:  

« C’est ma mère qui m’a proposé d’essayer de faire partie de cette comédie musicale. Dans un premier temps, j’ai refusé car les Sœurs, les prêtres et l’Église, cela ne me disait absolument rien. Mais j’ai décidé de le faire, pour me montrer, pour me faire connaître. Dans la pièce, je jouais le rôle de Sœur Rosa, la fondatrice de la Congrégation à laquelle j’appartiens en ce moment. Les paroles de cette Sœur, que je prononçais à chaque soir, et qui invitaient les gens à se donner au Seigneur, à tout laisser pour se donner à Lui,  petit à petit ont changé ma vie.

Dans une interview donnée en 2013, Sœur Cristina affirme :

« J’ai compris que j’avais un beau message à transmettre. Je considère que la musique est aujourd’hui un moyen puissant pour parler aux gens. Le pape François parle d’une Église mère. J’aimerais que les gens réalisent que l’Église est partout, et peut rejoindre toutes les personnes. Parce que nous sommes Sœurs, nous ne pourrions pas nous produire en public? Qui l’a dit? C’est un message fort, que peut donner une jeune qui a consacré sa vie à Dieu et qui continue à faire les choses que font les jeunes de son âge. Mon message est un message de fidélité e d’amour que je transmets grâce à ma voix. Je me dois de partager ma voix avec tous. »


Dans la vidéo numéro 1, la juge Raffaella Carra demande : « Comment t’est-il venu à l’esprit de te présenter à La Voce ? ». Sœur Cristina répond : « J’ai un don, alors je vous le donne, non? C’est ainsi. ». Un peu plus tard, la même juge lui demande : « Selon toi, qu’est-ce qu’on dit au Vatican du fait que tu te sois présentée à La Voce ? » Réponse : « Je ne sais pas; je m’attends à recevoir un appel téléphonique du pape François (rires). Le pape nous invite à sortir, à évangéliser; à dire que Dieu ne nous enlève rien; au contraire, Il nous donne encore plus. »

Dans la vidéo numéro 2, reproduite ci-dessous, nous voyons Sœur Cristina qui participe à un concours de chants, à caractère chrétien : le Good News Festival, tenu à Rome, en 2013 (2). Sœur Cristina interprète une chanson qu’elle a composée et qui s’intitule : « Senza la tua voce », qui se traduit : « Sans ta voix ». La performance que Sœur Cristina (qui a d’ailleurs gagné le concours) donne dans cette vidéo, est à mes yeux beaucoup plus impressionnante que celle de La Voce, qui circule partout ces jours-ci. Pourquoi? Parce que les paroles du chant s’adressent directement à Dieu. C’est un véritable acte de foi que chante Sœur Cristina. Et cet acte de foi, elle le chante avec tout son cœur, avec toutes ses tripes. Ce chant sort vraiment de ses entrailles.  

Voici les mots du refrain de la chanson Senza la tua voce, mots que Sœur Cristina adresse à Dieu :

« Tu es mon espérance.                                    « Tu sei la mia speranza.
Je ne réussirais pas à vivre                                 Non riuscirei a vivere
sans ta voix                                                         senza la tua voce
sans ton souffle                                                   senza il tuo respiro
sans ta lumière                                                    senza la tua luce
sans ta main                                                        senza la tua mano
sans tes bras qui m’accueillent                          senza le tue braccia che mi accolgono
qui me réchauffent, qui m’aiment                        che mi scaldano, che mi amano

Il vaut vraiment la peine de regarder la vidéo numéro 2, pour se rendre compte à quel point Sœur Cristina fait de son chant un acte de foi. À la fin de sa performance, un des juges dit que le chant est déjà beau avec si peu d’arrangements musicaux : seul un pianiste accompagnait Sœur Cristina. Mais le juge disait que le chant serait encore plus beau, avec plus d’arrangements musicaux. C’est pourquoi j’ai ajouté une troisième vidéo. (3)
  

 (1)

The Voice IT | Serie 2 | Blind 2 | Suor Cristina Scuccia ... - YouTube

www.youtube.com/watch?v=TpaQYSd75Akil y a 4 jours - 8 min - Ajouté par TheVoiceOf Italy
Suor Cristina Scuccia ha 25 anni, è siciliana ma vive a Milano ed è una suora Orsolina ...


 (2)

Good News Festival - Finale - Suor Cristina canta "Senza la tua voce ...

www.youtube.com/watch?v=S7QBIXwpTIQ24 juin 2013 - 14 min - Ajouté par Tv2000it
Nello spazio Azzurro di Nel cuore dei giorni, condotto da Lucia Ascione ed Eugenia Scotti ...


  (3)

Suor Cristina Scuccia: Senza la tua voce - YouTube

www.youtube.com/watch?v=mwFNlN5MAZw24 juin 2013 - 4 min - Ajouté par Canto Nuovo
Ecco a voi la canzone vincitrice del quinto Good News Festival "Senza la tua voce ...



dimanche 23 mars 2014

Jésus et la Samaritaine (2)

Jésus et la Samaritaine (2)
Living Water by Michael Dudash

J’arrive de célébrer l’eucharistie dominicale dans ma paroisse. J’ai commencé mon homélie en disant aux gens : « Vous avez remarqué que le prêtre, à la messe, embrasse l’évangile, après l’avoir proclamé. Ce matin, j’étais particulièrement heureux d’embrasser l’évangile car nous avons entendu une des plus belles pages des évangiles : la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, au puits de Jacob. » Ce qui me frappe le plus, dans cet évangile, c’est l’infini respect dont Jésus fait preuve envers la Samaritaine. Il y a de cela quelques semaines, j’ai mis sur mon blogue un texte intitulé « Jésus et la Samaritaine ». Dans ce texte, je vous partageais un commentaire de l’abbé Éric Venot-Eiffel, sur la rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Or dans son livre intitulé « J’ai tant douté de toi », l’abbé Venot-Eiffel, fait des réflexions qui ont, selon moi, un rapport direct avec l’évangile d’aujourd’hui. Ce prêtre nous confie que lorsqu’il va visiter des personnes âgées ou malades, ou encore des prisonniers, le passage biblique qui lui vient immédiatement à l’esprit, est le suivant : la première rencontre de Moïse avec le Dieu vivant, dans l’épisode du « buisson ardent ». Voyant un buisson qui brûlait sans se consumer, Moïse s’approcha et entendit la voix de Dieu qui lui dit : « Enlève tes sandales car le lieu que tu foules est saint. » L’abbé Venot-Eiffel nous invite à regarder chaque personne comme étant une terre sacrée, que l’on doit approcher avec un infini respect; comme l’a fait Jésus avec la Samaritaine.

Nous avons été créés pour être aimés et pour aimer. Notre archevêque à Montréal, Mgr Christian Lépine, a écrit un livre intitulé « Créés pour être aimés ». Cela m’a pris un an à apprécier le titre de ce livre. Depuis la sortie du livre, je me suis dit qu’il aurait été préférable de lui donner comme titre : « Créés pour aimer ». Mais aujourd’hui même, en ce troisième dimanche du Carême, je me suis réconcilié avec le titre choisi par notre archevêque. Je sais depuis longtemps que ce qui doit nous émerveiller le plus dans nos relations avec Dieu, c’est l’amour premier de Dieu. Dieu nous aime, avant même que nous l’aimions et que nous soyons en mesure de l’aimer. C’est ce que nous dit saint Jean, dans sa première lettre : « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. » (1 Jn 4, 10). C’est aussi ce que nous a dit saint Paul, aujourd’hui à la messe, dans la deuxième lecture :

« Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions. – Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. – Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. »  (Rom 5, 6-8)

Cette vérité est vraiment essentielle; elle doit guider toute notre vie, et toutes nos pensées. Supposons qu’un enfant meure dans le sein de sa mère, après sept mois de grossesse. Est-ce que cet enfant a été conscient d’aimer ? A-t-il aimé ? La réponse me semble assez claire : non; il ou elle n’a pas aimé. Cet enfant n’a jamais posé l’acte libre d’aimer. A-t-il été aimé ? Oui; par Dieu de toute éternité et infiniment. Par sa mère, très probablement, et à chaque jour de son existence. Donc, cet enfant a joui pour un temps de la raison principale pour laquelle il a été créé : être aimé.

En 1989, j’ai lu un témoignage bouleversant dans la revue Je crois (qui n’existe plus depuis de nombreuses années). Un jeune homme de 27 ans atteint du sida, témoignait de sa croyance en Dieu. Il disait ceci :

« Ma vie est une réussite complète parce que je suis aimé, et seulement pour cela. Tout ce que je faisais, tout ce que le monde peut faire, ce n’est que du vent.  …  Et même si une personne ne se sait pas aimée, elle n’en est pas moins aimée par Dieu pour autant. Elle peut avoir l’impression que sa vie est un échec, mais cela ne change rien au fait qu’elle est une réussite, puisqu’elle est aimée. Le plus important, ce n’est pas l’amour que je donne au monde, mais de lui révéler l’Amour qui lui est donné, parce qu’il est tellement plus infini que le mien. » (Revue Je crois, septembre 1989, p. 20).

Si nous sommes faits pour être aimés et pour aimer, il est donc tout à fait normal que les blessures qui nous font le plus souffrir, soient reliées à l’amour. Chacun de nous souffre de ne pas se sentir aimé à sa juste valeur. Du moins, c’est mon opinion. Chacun de nous, je pense, souffre de ne pas bien canaliser ses énergies d’amour. Nous souffrons de ne pas aimer l’autre comme nous le voudrions, ou encore d’aimer d’une façon que Dieu n’approuve pas. Car Dieu ne cautionne pas tous les amours de l’être humain. Je pense que toutes nos blessures intérieures sont dues au fait que nous ne nous sentons pas suffisamment aimés ou aimables. Souvent nous avons conscience de ne pas être aimés; et souvent nous avons conscience de ne pas aimer comme Dieu voudrait que nous aimions. C’était là le grand problème dans la vie de la Samaritaine dont nous parle aujourd’hui l’évangile; c’est aussi le grand problème de nos vies.

J’ai vu aujourd’hui dans le Prions en Église, une citation de Blaise Pascal, que je n’avais jamais lue auparavant : « Il y a dans le cœur de chaque homme, un vide en forme de Dieu. » Quelle belle phrase ! On sait que lorsqu’un vide se crée dans un endroit, il remplit tout l’espace vide. Il épouse donc la forme de l’objet qu’il remplit de son vide, si je puis m’exprimer ainsi. Or Pascal nous dit que ce vide en nous, seul Dieu peut le remplir. De cela, je suis convaincu. Et la Samaritaine a été convaincue bien avant moi.

Mon frère Luc est prêtre lui aussi, et il a écrit des livres. Un de ses livres, a pour titre : « Choral pour un cœur nouveau ». Chaque chapitre du livre, qu’il nomme « chœur », consiste en une lettre envoyée à des personnes qui ont côtoyé Jésus. Le premier « chœur » consiste en une lettre écrite à la Samaritaine. À la fin de chaque « chœur », le destinataire de la lettre répond par un poème. Voici le poème que mon frère met dans la bouche de la Samaritaine :

Au puits un midi
je me suis bien laissé prendre
un homme, un Juif
m’a dit tout en douceur
que j’avais plus soif que Lui

« Ton cœur est un désert
il bat mais n’aime pas
ta vie est aussi sèche que lui
puise à mon eau vive
jamais plus tu n’auras soif »

Voilà des siècles de cela
et je suis encore là
sans amant sans mari
toujours assise au bord du puits

J’y resterai jusqu’à la fin des temps
pour prouver à quiconque a soif
que j’ai bu ici
l’eau de l’éternelle Vie !

Les phrases qui m’impressionnent le plus, dans ce poème, sont celles-ci : « un Juif m’a dit, tout en douceur », ainsi que les deux dernières strophes qui laissent clairement entendre que la Samaritaine a goûté à la source qui jaillit en vie éternelle.



vendredi 21 mars 2014

Qui perd sa vie, la gagne !

Qui perd sa vie, la gagne !

Il y a une vérité qui revient souvent dans les évangiles. On peut l’exprimer ainsi : « Qui perd sa vie, la gagne ».

« Qui veut sauver sa vie, la perdra; mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Lc 9, 24).

« Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même? » (Lc 9, 25).

« Tu es fou; aujourd’hui on te redemande ta vie. Et ce que tu as mis de côté, qui l’aura ? » (Lc 12, 20).

« Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux » (Mt 19, 21)

« Il n’y a pas de plus grand amour, que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). 

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20, 28).  

« Quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle » (Mt 19, 29)

Cette vérité, on la retrouve aussi dans la sagesse populaire. À preuve, le magnifique conte de Shel Silverstein, intitulé : L’arbre généreux.

L’arbre généreux


Il était une fois un arbre qui aimait un petit garçon.
Et le garçon venait le voir tous les jours.
Il cueillait ses feuilles et il s’en faisait des couronnes pour jouer au roi de la forêt.
Il grimpait à son tronc et se balançait à ses branches… et mangeait ses pommes.
Puis ils jouaient à va-te-cacher. Quand il était fatigué, il dormait dans son ombre.
Et le garçon aimait l’arbre.
Et l’arbre était heureux…
… énormément !
Mais le temps passa…
Et le garçon grandit…
Et l’arbre resta souvent seul.
Puis un jour le garçon vint voir l’arbre et l’arbre lui dit :
Approche- toi mon garçon , grimpe mon tronc et balance-toi à mes branches, et mange mes pommes et joue dans mon ombre et sois heureux !
- Je suis trop grand pour grimper aux arbres et pour jouer, dit le garçon .
Je veux acheter des trucs et m’amuser. Je veux de l’argent. Peux–tu me donner de l’argent ?
- Je regrette, mais je n’ai pas d’argent. Je n’ai que des feuilles et des pommes. Prends mes pommes mon garçon, et va les vendre en ville. Ainsi tu auras de l’argent et tu seras heureux.
Alors le garçon grimpa sans l’arbre, cueillit les pommes et les emporta.
Et l’arbre fut heureux.
Mais le garçon resta longtemps sans revenir…
Et l’arbre devint triste.
Puis un jour le garçon revint ; l’arbre trembla de joie et dit :
Approche-toi, mon garçon, grimpe à mon tronc et balance-toi à mes branches et sois heureux.
J’ai trop à faire pour grimper aux arbres, dit le garçon. Je veux une maison qui me tienne chaud, dit-il. Je veux une femme et je veux des enfants, j’ai donc besoin d’une maison. Peux-tu me donner une maison ?
- Je n’ai pas de maison, dit l’arbre. C’est la forêt ma maison, mais tu peux couper mes branches et bâtir une maison, alors tu seras heureux.
Le garçon lui coupa donc ses branches et les emporta pour construire sa maison.
Et l’arbre fut heureux.
Mais le garçon resta longtemps sans revenir.
Et quand il revint l’arbre fut tellement heureux qu’il put à peine parler.
Approche-toi mon garçon, murmura-t-il, viens jouer.
- Je suis trop vieux et trop triste pour jouer, dit le garçon. Je veux un bateau qui m’emmènera loin d’ici. Peux-tu me donner un bateau ?
- Coupe mon tronc et fais un bateau, dit l’arbre. Ensuite tu pourras t’en aller et être heureux.
Alors le garçon lui coupa le tronc et en fit un bateau pour s’en aller.
Et l’arbre fut heureux … mais pas tout à fait …
Et très longtemps après, le garçon revint encore.
Je regrette mon garçon, dit l’arbre, mais il ne me reste plus rien à te donner… Je n’ai plus de pommes.
- Mes dents son trop faibles pour des pommes, dit le garçon.
- Je n’ai plus de branches, dit l’arbre, tu ne peux plus t’y balancer.
- Je suis trop vieux pour me balancer aux branches, dit le garçon.
- Je n’ai plus de tronc, dit l’arbre, tu ne peux pas grimper.
- Je suis trop fatigué pour grimper aux arbres, dit le garçon.
- Je suis navré, soupira l’arbre. J’aimerais bien te donner quelque chose… Mais je n’ai plus rien. Je ne suis plus qu’une vieille souche. Je suis navré…
- Je n’ai plus besoin de grand-chose maintenant, dit le garçon, juste un endroit tranquille pour m’asseoir et me reposer. Je suis très fatigué.
- Eh bien, dit l’arbre en se redressant autant qu’il le put, eh bien, une vieille souche c’est bien pour s’asseoir et se reposer. Approche-toi, mon garçon, assieds-toi. Assieds-toi et repose-toi .
Ainsi fit le garçon.
Et l’arbre fut heureux.
_____
Shel Silverstein – L’arbre généreux.


On peut voir ce conte sur YouTube, raconté en deux parties. Malheureusement, la première partie ne semble pas fonctionner en ce moment sur internet. Voici la deuxième partie du conte: 

L'Arbre Généreux 2.mp4 - YouTube

www.youtube.com/watch?v=APOMGRDYYuQ20 juil. 2011 - 6 min - Ajouté par Laura Gurry
L'Arbre Généreux 2.mp4. ... L'homme qui plantait des arbres (Jean Giono) by GionoYT 33,318 ...

Une autre belle façon d'exprimer la vérité dont je parle dans le présent blogue, est la magnifique chanson intitulée: " Il restera de toi ". Voir les mots de la chanson, ci-dessous. 


VIDEO MONTAGE IL RESTERA DE TOI DE MANNICK - YouTube

www.youtube.com/watch?v=ZcoPrbELa-427 juil. 2012 - 3 min - Ajouté par régine cochard
chanteuse Mannick titre : Il restera de toi. ... VIDEO MONTAGE IL RESTERA DE TOI DE ...

IL RESTERA DE TOI
Paroles : Michel Scouarnec   Musique : Jo Akepsimas

1 - Il restera de toi
Ce que tu as donné
Au lieu de le garder
Dans des coffres rouillés
Il restera de toi
De ton jardin secret
Une fleur oubliée
Qui ne s'est pas fanée

Ce que tu as donné
En d'autres fleurira
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera

3 - Il restera de toi
Ce que tu as offert
Entre tes bras ouverts
Un matin de soleil
Il restera de toi
Ce que tu as perdu
Que tu as attendu
Plus loin que tes réveils

Ce que tu as offert
En d'autres revivra
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera
2 - Il restera de toi
Ce que tu as chanté
A celui qui passait
Sur son chemin désert
Il restera de toi
Une brise du soir
Un refrain dans le noir
Jusqu'au bout de l'hiver

Ce que tu as chanté
En d'autres jaillira
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera



Il semble que cette chanson tire son origine d’un écrit de Simone Veil ::

IL RESTERA DE TOI,
« Il restera de toi ce que tu as donné
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi, de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s'est pas fanée.
Ce que tu as donné
En d'autres fleurira.
Celui qui perd sa vie
Un jour la retrouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre tes bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu,
Que tu as attendu plus loin que tes réveils.
Ce que tu as souffert
En d'autres revivra.
Celui qui perd sa vie
Un jour la retrouvera.
Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton cœur.
Il restera de toi ce que tu as semé,
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as semé
En d'autres germera.
Celui qui perd sa vie
Un jour la retrouvera. »
Simone Veil.
4 - Il restera de toi
Une larme tombée
Un sourire germé
Sur les yeux de ton cœur
Il restera de toi
Ce que tu as semé
Que tu as partagé
Aux mendiants du bonheur

Ce que tu as semé
En d'autres germera
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera



















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