mercredi 10 décembre 2014

La spiritualité de Jean Béliveau


La spiritualité de Jean Béliveau


Lors d'un événement tenu à l'Assemblée nationale, Jean Béliveau avait discuté pendant une trentaine de minutes de sa spiritualité, rappelle l'auteur. PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La presse / Débats

Publié le 10 décembre 2014 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

LA SPIRITUALITÉ DE JEAN BÉLIVEAU

RAYMOND GARNEAU, EX-DÉPUTÉ DE LA CIRCONSCRIPTION DE JEAN-TALON

Tout, ou presque, a été dit sur Jean Béliveau. Cependant, il y a un aspect de sa personnalité dont on n’a pas beaucoup parlé, celui de sa spiritualité.
J’aimerais témoigner d’une expérience bien spéciale que j’ai vécue à ce sujet avec monsieur Jean Béliveau. C’était au début des années 70. À cette époque, il existait une tradition qui avait pris naissance à Washington, au Congrès américain, et qui s’était répandue dans plusieurs Parlements du monde, dont la Chambre des communes à Ottawa et l’Assemblée nationale à Québec : le petit déjeuner de la prière.
Cette activité multiconfessionnelle, sans couverture médiatique, réunissait pour un moment de recueillement et de prière les députés, les maires, les échevins et les dirigeants d’organismes communautaires ou du milieu des affaires de la grande région de la ville de Québec et se tenait au restaurant parlementaire de l’Assemblée nationale.
La tradition voulait que ce petit déjeuner soit organisé par le premier ministre ou un de ses ministres. Cette année-là, le premier ministre Bourassa m’avait confié l’organisation du déjeuner de la prière et la tâche de trouver une personnalité de marque qui accepterait de venir témoigner de sa foi et comment il ou elle avait réussi à conjuguer sa spiritualité avec son travail ou ses activités professionnelles.
J’entrepris donc des consultations pour trouver une personnalité qui accepterait de venir s’adresser aux participants du déjeuner de la prière. J’appris que Jean Béliveau avait accepté de participer à une activité de prière qu’un groupe restreint d’une dizaine de personnes du milieu des affaires avait tenue, quelques mois auparavant, au Club Saint-Denis de Montréal.
Je communiquai avec Jean Béliveau pour lui parler du petit déjeuner de la prière de l’Assemblée nationale et savoir s’il accepterait d’être notre invité d’honneur. Notre conversation fut très amicale et monsieur Béliveau me promit de réfléchir à l’invitation et qu’il me donnerait une réponse rapidement. Deux jours plus tard, il me rappelait pour me dire qu’il acceptait.
Le jour venu, devant un restaurant parlementaire rempli au maximum de sa capacité, monsieur Jean Béliveau se leva de son siège et, calmement, entreprit de s’adresser aux quelque 200 participants.
On aurait entendu une mouche voler, tellement le moment était empreint de dignité.
Presque tous les convives avaient vu évoluer Jean Béliveau sur la glace du Colisée de Québec ou du Forum de Montréal, mais personne n’avait jamais pensé qu’un jour il verrait ce virtuose du hockey parler simplement, mais avec conviction et franchise, de sa spiritualité et de ses croyances religieuses.
Jean Béliveau se tenait droit et de ses 6 pieds, 3 pouces, sans texte, sauf quelques notes manuscrites, il parla pendant près de 30 minutes de son enfance et des valeurs que lui avaient inculquées ses parents. Il parla des voyages par train que l’équipe devait effectuer après la partie du samedi soir au Forum pour se rendre à Toronto, Boston, New York, Detroit et même Chicago, et expliqua comment durant sa carrière de hockeyeur il s’arrangeait pour assister à la messe le dimanche.
Sa prestation faite avec dignité et sans aucun dessein ostentatoire fut remarquable et, sans vouloir déprécier les témoignages des autres personnalités qui se présentèrent les années suivantes à la tribune du petit déjeuner de la prière, monsieur Béliveau laissa dans l’esprit et le cœur de son auditoire un sentiment de respect au point où, plusieurs années après, on me disait encore combien son témoignage avait marqué et influencé dans leur spiritualité personnelle les invités de cet événement.
Les funérailles de monsieur Jean Béliveau auront lieu cet après-midi à la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal. La messe sera célébrée par l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine. Je trouve très beau qu’une messe de funérailles soit célébrée dans la cathédrale de Montréal pour ce grand homme et ce grand chrétien qu’est Jean Béliveau. L’eucharistie dominicale a toujours été d’une première importance pour monsieur Béliveau, comme l’a si bien mentionné monsieur Raymond Garneau dans le témoignage ci-dessus. Mais ce que les gens ignorent peut-être aussi, pour la plupart, c’est que monsieur Jean Béliveau priait son chapelet à chaque jour. C’est Mgr Christian Lépine lui-même, qui a témoigné de ce fait hier, devant un groupe de prêtres du diocèse de Montréal. Mgr Lépine, qui a rencontré ces jours-ci la famille de monsieur Béliveau, en vue des funérailles de cet après-midi, a pu en apprendre davantage sur la vie chrétienne qu’a menée notre numéro 4 national. Ce numéro 4 était en quelque sorte très bien choisi pour le chrétien qu'est Jean Béliveau, car ce chiffre témoigne bien de la spiritualité de ce grand homme, qui vouait un grand amour aux trois Personnes divines et la Sainte Vierge Marie. Je suis heureux que les funérailles de monsieur Béliveau aient lieu dans une cathédrale dédiée à la Vierge Marie (Cathédrale Marie Reine du Monde), en une semaine où la Vierge Marie est particulièrement honorée dans la liturgie catholique. Les funérailles d’aujourd’hui ont lieu en plein milieu d’uns semaine mariale: il y a deux jours, nous célébrions l’Immaculée Conception de la Vierge Marie (le 8 décembre), et dans deux jours (le 12 décembre), nous célébrerons Notre-Dame-de-Guadalupe, la Patronne et la Mère des Amériques. C'est le pape Pie XII, en 1946, qui déclara Notre-Dame-de-Guadalupe Patronne des Amériques, et c'est le pape Jean XXIII  qui, en 1961, lui donna les titres de Mère des Amériques et Éducatrice de la foi des peuples d'Amérique  


Nous savons maintenant que la foi catholique était très importante dans la vie du « grand Jean ». Cette foi vécue avait aussi un impact sur les jeunes joueurs du Canadien de Montréal qui côtoyaient leur capitaine sur la patinoire et en dehors de la glace. Réjean Houle, ancien joueur du Canadien de Montréal, dans une interview donnée au journal The Montreal Gazette, témoigne de cela :

« Houle se mit à sourire en se rappelant les jours et les soirées qu’il a vécues lors de sa saison en tant que recrue. Il se rappelle que M. Béliveau avait une grande influence sur lui et sur les autres jeunes joueurs de l’équipe.

« Lorsque nous étions en présence de Jean, il n’y avait pas d’écart de langage, et nous ne prenions pas beaucoup de boisson. On « sacrait » moins et on buvait moins, à cause de lui », disait Houle, en riant.

Il se rappela les soirs où M. Béliveau et les autres joueurs se rendaient, après les parties jouées à Chicago, dans un bar de musique country appelé: Bar Double-R Ranch.

« Quand le grand Jean venait avec nous, les gars ne se conduisaient pas de la même façon. On faisait attention aux paroles qui sortaient de nos bouches, et on buvait moins de bières. On essayait de se comporter comme lui; nous étions plus respectueux de nous-mêmes et des gens autour de nous. »
(Habs' Réjean Houle an anchor in Béliveau family's lives, not ...montrealgazette.com)                            
  

1 commentaire:

  1. Un homme passionnément aimé de toutes/tous ... un homme de foi unique... merci de ce texte sur votre blog... c'est très pertinent.

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