dimanche 7 septembre 2014

« Si ton frère a commis un péché … » (Jésus)

« Si ton frère a commis un péché … »  (Jésus)

Dans l’évangile du présent dimanche (23ème dimanche du temps ordinaire, année A) Jésus nous dit : 
" Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l'Église; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain. " (Mathieu 18, 15-17) 
Il y a une tendance très répandue dans les sociétés occidentales, qui consiste à croire que la religion est une affaire privée. Plusieurs personnes, en particulier celles qui ne croient ni à Dieu ni à diable, font souvent cette remarque aux personnes croyantes : « Ta religion ne regarde que toi; tu as le droit de croire en une religion, mais n’oublie pas que la religion est une affaire privée. » Je comprends très bien que l’on soit parvenu à cette façon de considérer la religion en Occident. Pourquoi? Parce que depuis des décennies, on met en valeur l’individu. C’est l’individu, la personne individuelle, l’individualisme, qui a la cote. Nous avons développé un individualisme à outrance. Je crois que le christianisme est le plus sûr moyen de contrer et de combattre l’individualisme ambiant. Jésus, Dieu fait homme, nous a montré par ses faits et gestes, le genre de société qu’Il désire. Je ne veux pas dire par là que Jésus nous invite à vivre selon tel ou tel modèle de vie politique, mais Il nous a clairement dit que nous sommes des êtres sociables, faits pour vivre en société. L’être humain est fait pour vivre au contact des autres. Et le fait de vivre avec d’autres personnes, suppose certaines attitudes, certaines façons de faire.

Jésus a fondé une communauté. C’est la première chose qu’Il a faite quand Il a commencé sa vie publique : Il a formé une communauté. Il a commencé par réunir autour de lui les apôtres. Il vivait toujours en communauté : jour et nuit. Petit à petit, le groupe s’est élargi, constitué d’hommes et de femmes qui sont devenus ses disciples et qui l’ont suivi sur la route, partout où Il allait.

Il est donc normal que Jésus, dans les évangiles, nous donne tout un bloc d’enseignements sur le « vivre ensemble ». Nous avons entendu aujourd’hui un des textes qui se trouvent en saint Mathieu dans la section qui traite de la vie communautaire.

Jésus nous dit : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. »

Wow !!!  Ça fait du bien d’entendre ça. Ça fait du bien, mais ça peut aussi faire peur. Dans notre société individualiste, on n’aime pas entendre cela. On aurait probablement préféré entendre Jésus nous dire: « Si ton frère a commis une faute, prie pour lui; mais ne va surtout pas le reprendre. Ne va pas te mêler de ses affaires; ses affaires ne regardent que lui et Moi. Ses affaires ne te regardent pas. Elles ne regardent que lui et Moi. » Mais ce n’est pas cela que Jésus dit. Ce n’est pas cela du tout; Il nous dit qu’il faut faire quelque chose, qu’il faut aller trouver notre frère (notons ce mot) et lui parler seul à seul.

Cela me fait penser à un des tous premiers passages de la Bible, où on nous raconte  le premier meurtre: Caïn tue son frère Abel, par jalousie. Quand Dieu demande à Caïn : « Où est ton frère?, Caïn répond : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère? » (Genèse 4, 9). Voilà la grande erreur de Caïn : il ne savait pas et ne croyait pas qu’il était le gardien de son frère. Et cela d’autant plus qu’Abel était son frère de sang. Mais Jésus nous dit aujourd’hui, que chaque personne que je rencontre, est mon frère et ma sœur. Et si mon frère commet un péché, je me dois, par amour, d’aller le trouver en privé, et lui « montrer sa faute ». Pourquoi agir ainsi? Pour que mon frère vive mieux, pour que mon frère s’améliore et devienne une meilleure personne. N’est-ce pas ce que toute personne humaine devrait vouloir: devenir meilleure, être sainte comme notre Père céleste, est saint : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Et si j’aime mon frère, je voudrai l’aider à devenir meilleur. C’est uniquement une question d’amour. La démarche que nous appelons la « correction fraternelle », doit être uniquement motivée par l’amour.

De plus, il est possible que mon frère ne se soit pas même pas rendu compte d’avoir fait quelque chose de mal. Raison de plus pour l’éclairer, en lui montrant sa faute, pour qu’il ne commette pas deux fois la même erreur.

Mais tout cela ne va pas de soi. Nous préférerions tous, je pense, ne pas avoir à faire une telle démarche. Reprendre quelqu’un, montrer à un autre son erreur, n’est pas du tout plaisant. Et normalement on ne fait pas cela « spontanément », ni de gaieté de cœur. Mais nous devons le faire parce que Dieu nous le demande, par la bouche de son Fils bien-aimé Jésus. Le principal motif qui doit nous inciter à agir ainsi, c’est que Jésus nous le demande. Comment refuser de répondre à une volonté aussi explicite de Jésus?

L’Évangile n’est pas facile à vivre; Il va très souvent contre nos tendances naturelles et pécheresses. Si l’évangile ne nous dérange pas, ne nous bouscule pas, c’est que nous nous fermons à ses appels. Ce que Jésus nous demande est souvent exigeant, mais c’est la route à suivre pour atteindre la véritable liberté et le vrai bonheur. À l’eucharistie, nous entendons Jésus nous demander certaines choses et nous Le voyons ensuite nous donner la force de le faire, grâce à son « Pain de vie », qui n’est autre que Lui-Même se donnant en nourriture.

Nous savons bien à quoi nous nous exposons, en révélant à notre frère son péché. Nous risquons de nous entendre dire: « Qui es-tu pour me reprendre? Te penses-tu meilleur que moi? Commence par améliorer ta conduite, et ensuite, tu pourras venir me faire des remontrances et me donner des conseils ou des leçons ! ». Qui de nous aime entendre de telles remarques? Et pourtant, Jésus nous demande de nous exposer, par amour du prochain, à recevoir de telles boutades.

Et Jésus va même plus loin, dans l’amour fraternel. Il nous dit que si le frère à qui on révèle une faute, ne nous écoute pas, on ne doit pas s’arrêter là. On doit aller le trouver de nouveau, avec deux ou trois autres témoins, pour montrer à notre frère que ce n’est pas seulement notre idée à nous, notre façon de voir à nous; mais que d’autres personnes sont d’accord avec notre point de vue.

Demandons à Jésus de comprendre à quel point il est important pour Lui, que nous nous corrigions les uns les autres. Et demandons-Lui, surtout, de nous donner la force de mettre sa Parole en pratique.

Que la Vierge Marie nous guide sur le chemin ardu de la « correction fraternelle ».



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