mercredi 1 mai 2013

La vocation du pape François

La vocation du pape François
Plus je connais notre pape François, plus je l’aime. Et je sais très bien que je ne suis pas le seul à expérimenter cela. J’ai écrit un texte sur notre nouveau pape, en date du 24 mars 2013 (pour lire ce texte, cliquez sur les mots suivants: Notre pape François), dans lequel je m’émerveillais du blason que Mgr Jorge Bergoglio avait choisi comme évêque et qu’il a conservé comme pape, comme vicaire de Jésus Christ sur cette terre. J’ai alors commenté, avec des mots glanés sur internet, la merveilleuse phrase que Mgr Bergoglio a mise sous son blason, comme devise épiscopale. Cette phrase, que le pape François a conservé sur ses armoiries papales, est tirée d’une homélie de saint Bède le Vénérable qu’on lit dans le bréviaire, le 21 septembre, en la fête de l’évangéliste Matthieu, autrefois appelé Lévi. La phrase en latin dit ceci : « Miserendo atque eligendo ». Et voici comment le pape lui-même, traduit cette phrase : « Avec miséricorde et le choisissant » (Le pape François, Je crois en l’homme, Conversations avec Jorge Bergoglio, Flammarion, Paris, 2013, p. 48).
Cette phrase de saint Bède le Vénérable, semble être la meilleure façon dont le pape François peut et veut décrire sa vocation personnelle, son « nom devant Dieu », son « désir le plus profond ». Du moins, est-ce ainsi que je vois personnellement les choses. Pour comprendre ce que je veux dire par les expressions écrites en italique, il conviendrait de lire le premier texte que j’ai mis sur mon blogue, le 18 juin 2011. Pour ceux et celles d’entre vous qui désireraient avoir accès rapidement à ce texte, vous n’avez qu’à cliquer sur les mots suivants : Le désir le plus profond
Voici ce qui s’est passé le 21 septembre 1953 :
« C’était un 21 septembre et comme beaucoup de jeunes gens, Jorge Bergoglio allait sur ses dix-sept ans et se préparait à fêter le Jour de l’Étudiant avec ses compagnons. Il décida de commencer la journée en allant faire un tour jusqu’à la paroisse. C’était alors un jeune catholique pratiquant qui fréquentait l’église de San José, dans le quartier Flores, à Buenos Aires.
En arrivant, il tomba sur un curé qu’il ne connaissait pas. Sentant qu’il émanait de sa personne une forte spiritualité, il décida de se confesser à lui. Peu après, il comprit que cette confession avait été exceptionnelle, qu’elle avait stimulé sa foi. Elle lui avait même permis de percevoir les signes de la vocation religieuse, si bien qu’il décida de ne pas se rendre à la gare ferroviaire pour retrouver ses amis. Il rentra chez lui avec une conviction : il voulait …  il devait devenir prêtre. Ce fut une immense grâce, dont il avait bénéficié de façon imprévue. Ainsi l’explique-t-il :
« Lors de cette confession il m’est arrivé une chose curieuse, je ne sais ce que c’était, mais cela a changé ma vie. Je dirais que j’ai été surpris alors que je baissais la garde », dit-il plus d’un demi-siècle plus tard. Aujourd’hui, Bergoglio interprète ainsi l’épisode : « Ce fut la surprise, la stupeur d’une rencontre. J’ai compris qu’on m’attendait. C’est ce qu’on appelle l’expérience religieuse : la stupeur de se trouver devant quelqu’un qui vous attend. À partir de là, pour moi, Dieu a été celui qui « m’a trouvé en premier ». Je le cherche, mais Lui aussi me cherche. Je désire le trouver, mais Lui « me trouve en premier ».
Jorge Bergoglio ajoute que ce n’est pas seulement la « stupeur de la rencontre » qui éveilla sa vocation religieuse, mais le ton miséricordieux avec lequel Dieu l’a interpellé, un ton qui deviendrait, avec le passage du temps, la source d’inspiration de son ministère. » (Ibid, pp. 42-44)
Le journaliste : « Dans quelle mesure pensez-vous que cette décision vous appartient ou qu’elle est un choix de Dieu?
Le cardinal : « La vocation religieuse est un appel de Dieu destiné à un cœur qui l’attend, consciemment ou inconsciemment. J’ai toujours été impressionné par la lecture du bréviaire qui dit que Jésus regarda Matthieu avec une attitude qui, traduite, donnerait quelque chose comme : « Avec miséricorde et le choisissant ». C’est exactement la façon dont j’ai senti que Dieu m’a regardé lors de cette confession. Et c’est ainsi qu’Il me demande de regarder autrui : avec une grande miséricorde et comme si je choisissais pour Lui, en n’excluant personne, parce que tout le monde est un élu de l’amour de Dieu. « Avec miséricorde et le choisissant » fut la phrase qui a accompagné ma consécration comme évêque et c’est un des pivots de mon expérience religieuse : la miséricorde, et le choix des personnes en fonction d’un dessein. Dessein que l’on pourrait synthétiser de cette façon : « Écoute, toi on t’aime par ton nom, tu as été choisi et la seule chose qu’on te demande c’est de te laisser aimer. » Voilà le dessein qui m’a été confié. » (Ibid, pp. 48-49)
Et au milieu de la page 49, le pape ajoute :
« Pour moi, toute expérience religieuse qui serait dépourvue de cette dose de stupeur, de surprise, qui nous gagne patiemment à l’amour et à la miséricorde, est froide; elle ne nous implique pas totalement, c’est une expérience distante, qui ne nous entraîne pas vers la transcendance. Convenons cependant que vivre aujourd’hui cette transcendance est difficile, à cause du rythme de vie vertigineux, de la rapidité des changements et de l’absence d’une vision à long terme. Cela dit, dans l’expérience religieuse, les refuges sont importants ». (Ibid, p. 49)
Le journaliste : « Que proposez-vous pour créer de tels refuges? »
Le cardinal : « Les retraites spirituelles sont des refuges organisés à dessein, où le rythme quotidien est freiné, et elles débouchent sur la prière. En revanche, une retraite spirituelle où l’on écoute des cassettes de béhaviorisme religieux pour être stimulé et obtenir une réponse ne sert à rien, elle n’apaise pas l’âme. La rencontre de Dieu doit surgir de l’intérieur. Je dois me mettre en présence de Dieu et, aidé par sa Parole, progresser dans ce qu’Il voudra. Le cœur de tout cela, c’est la prière, et c’est un des points qui, selon moi, doit être abordé avec davantage de courage. » (Ibid, p. 50)
Et en ce premier mai 2013, alors que l’Église nous invite à contempler et imiter Saint Joseph travailleur, voici un passage magnifique de ce même livre :
Le journaliste : « Au cours de votre ministère sacerdotal, vous avez dû recevoir beaucoup de gens au chômage. Quelle est votre expérience de ce point de vue-là? »
Le cardinal : « J’en ai vu passer beaucoup, en effet. Ce sont des gens qui ne se voient pas comme des personnes. Ils ont beau être aidés par leur famille et leurs amis, ils veulent travailler, gagner leur pain à la sueur de leur front. Le travail, en dernière instance, est ce qui donne sa dignité à la personne. La dignité, on ne la tire pas de la naissance ni d’une éducation en famille ou à l’école. La dignité en tant que telle ne peut venir que du travail. Nous mangeons ce que nous gagnons, nous maintenons notre famille avec ce que nous gagnons. Peu importe que cela soit beaucoup ou peu. Si c’est beaucoup, tant mieux. On peut posséder une fortune, mais si on ne travaille pas, il n’y a pas de dignité. » (Ibid, p. 29)
Puissent ces paroles de notre cher pape, alors qu’il était cardinal, nous aider à combattre les préjugés que souvent nous avons face au chômage et à l’aide sociale. Même s’il arrivait que quelqu’un ne veuille pas travailler, par paresse ou pour tout autre raison, il n’en demeure pas moins que cette personne ne sera jamais heureuse. Toute tentative d’aider cette personne à trouver du travail, sera une tentative de la mettre sur le chemin du bonheur.    



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