dimanche 21 octobre 2012

Jésus Serviteur

Jésus Serviteur
Si quelqu’un que vous ne connaissez pas sonnait à la porte chez vous aujourd’hui et vous demandait : « Madame, ou monsieur, avez-vous un serviteur chez vous? », que répondriez-vous? J’imagine que plusieurs d’entre vous se hâteraient de répondre : « Non, nous n’avons pas de serviteur, ni de servante! ». La raison en est que dans le monde occidental actuel, la culture populaire ne cesse de faire l’éloge de l’autonomie personnelle et de la liberté. Admettre que nous soyons nous-mêmes serviteurs de quelqu’un ou même admettre que nous puissions avoir quelqu’un à notre service, serait presque une honte. Or vous et moi, en réalité, avons un serviteur : Dieu.
Jésus, Dieu fait homme, dans l’évangile de ce dimanche, donne toute une leçon à ses apôtres épris de grandeur et de gloire :
« Les ayant appelés près de lui, Jésus leur dit : Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. " (Mc 10, 42-45)
Par de telles phrases de Jésus, on voit très clairement que l’évangile n’est pas humain, n’est pas d’origine humaine. Seul Dieu peut penser ainsi et faire l’éloge non seulement du service, mais aussi de l’esclavage. Jésus s’est fait non seulement le serviteur de tous, mais aussi l’esclave de tous. Pour nous, gens du XXIème siècle, un tel langage est presque intolérable. Comment un homme peut-il parler ainsi? Un homme peut parler ainsi seulement s’il est Dieu. Jésus, toute sa vie, s’est mis au service des nécessiteux, des malades, des mal aimés, des rejetés de la société de son temps. Il s’est donné jusqu’au bout, allant jusqu’à mourir pour nous, par amour. Jésus s’est fait non seulement le serviteur de tous, mais aussi l’esclave de tous. On a fait de lui ce qu’on a voulu. On l’a traité comme un moins que rien. On est même allé jusqu'à le pendre au gibet avec deux bandits. Lui, au milieu, comme pour bien indiquer qu’il est le bandit par excellence. Dieu à la merci des gens; Dieu livré entre les mains des hommes. Et que dire du sacrement de l’eucharistie, le sacrement de son amour : Dieu si petit dans nos mains, livré une fois de plus entre nos mains? Un Dieu qui, sous cette forme, peut être encore si facilement profané. Oui, Dieu s’est fait l’esclave de tous et Il nous demande sans aucune gêne aujourd’hui à être nous aussi les esclaves de tous.

Jésus, dans sa science admirable, devait très bien savoir que de demander à des gens du XXIème siècle de se faire serviteurs et qui plus est, de se faire esclaves, passerait très mal. Et Il l’a fait quand même. Dans mon esprit, être esclave de Dieu ne me pose aucun problème car de fait, j’appartiens à Dieu. Saint Paul n’a-t-il pas écrit : « Frères, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun d’entre nous ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur » (Rom 14, 7-8). Mais que Dieu me demande d’être l’esclave d’êtres humains comme moi, me semble à moi aussi assez intolérable. Mais en cela consiste la beauté de l’évangile : il n’est pas humain. Combien de gens aujourd’hui sont attirés par la science-fiction. Or, en quelque sorte, la plus grande science-fiction qui soit, se trouve dans l’évangile : « Heureux les pauvres! Heureux ceux qui pleurent!   »
Jésus a manifesté qu'Il est le Serviteur de tous par un geste prophétique, à la toute fin de sa vie : Il a lavé les pieds de ses disciples, un geste que seuls les esclaves ou les enfants pouvaient poser. On comprend aisément que Pierre se soit révolté devant un tel abaissement de la part de son Maître : « Toi me laver les pieds, jamais ! ». Voici ce que nous raconte saint Jean :  
« Sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains et qu'il était venu de Dieu et qu'il s'en allait vers Dieu, il se lève de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s'en ceignit. Puis il met de l'eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vient donc à Simon-Pierre, qui lui dit : " Seigneur, toi, me laver les pieds ? " Jésus lui répondit : " Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent ; par la suite tu comprendras." Pierre lui dit : " Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais ! " Jésus lui répondit : " Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi." Simon-Pierre lui dit : " Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête !" Jésus lui dit : "Qui s'est baigné n'a pas besoin de se laver ; il est pur tout entier. Vous aussi, vous êtes purs ; mais pas tous. »  (Jn 13, 3-10)
Dans notre chapelle, ici au presbytère, nous avons mis en haut du tabernacle, une reproduction d’une peinture représentant saint Pierre qui se laisse laver les pieds par Jésus. Le visage de Pierre est vraiment un visage de pierre; on y voit tout l’inconfort que produit en lui le geste de Jésus. Et sous la reproduction de cette peinture, nous avons mis un écriteau qui dit à peu près ceci :
« S’il vous arrive de faire de l’adoration eucharistique, ne vous regardez pas tellement comme étant la personne qui est à genoux aux pieds de Jésus. Imaginez plutôt que c’est Jésus qui est à genoux devant vous et qu’Il vous lave les pieds pour vous rendre purs comme Lui-même est pur. »
Une amie, Sœur Anna Boudreau, s.s.c.m., m’a fait cadeau au printemps dernier d’un livre qu’elle a écrit et qui s’intitule : Jésus Serviteur. Je n’ai pas encore lu ce livre en entier, mais je trouve le titre tellement beau! On peut difficilement imaginer un titre de livre sur Jésus qui soit plus beau que celui-là.
Que la Vierge Marie, qui s’est qualifiée elle-même de « servante du Seigneur », et que saint Paul qui ne cessait de se présenter comme le « serviteur de Jésus Christ », prient pour nous.
Comme le dit si bien cette phrase d’une hymne du bréviaire : « Servir Dieu rend l’homme libre comme Lui ». Quand apprendrons-nous que « servir rend libre »?
Si vous désirez savoir ce que j’entends personnellement par « Marie, la servante du Seigneur », je vous invite à lire le texte que j'ai mis sur mon blogue en date du 15 août 2011 et qui s'intitule: « Le secret de la joie de Marie ». Pour y avoir accès immédiatement, vous n’avez qu’à cliquer sur les mots en bleu qui précèdent.

  

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