dimanche 16 septembre 2012

La souffrance a-t-elle de la valeur

La souffrance a-t-elle de la valeur ?
Chers amis, nous vivons trois jours très importants pour nous les chrétiens. Trois jours de suite. Vendredi, nous fêtions la Croix glorieuse. À chaque année, le 14 septembre, c’est la fête de la croix glorieuse. Si nous sommes chrétiens, nous savons que la croix est glorieuse, que la croix est pleine de gloire. Saint Jean ne cesse de dire cela. Quand saint Jean parle de la gloire de Jésus, de sa glorification, il parle de sa mort sur la croix. Mais pour quelqu’un qui n’est pas chrétien, il est impossible, je pense, de croire et encore moins de comprendre que croix rime avec gloire. D’ailleurs, si une personne qui ne connaît rien à notre religion entrait par hasard un Vendredi Saint dans une église catholique et voyait les gens avancer un par un pour embrasser la croix, elle serait stupéfaite pour ne pas dire horrifiée. Cette personne se demanderait comment des gens normaux peuvent ainsi embrasser un tel instrument de supplice. Mais nous, nous savons que la Croix est glorieuse, que dans la croix, « y’a plein de vie là-dedans » selon une expression très connue d’un de nos poètes-chansonniers québécois: Félix Leclerc. Ce poète a écrit un jour: "C'est grand la mort, c'est plein de vie dedans".
Vendredi donc, la Croix Glorieuse; hier, 15 septembre, l'Église célébrait la mémoire de Notre-Dame-des-Douleurs. Nous nous sommes souvenus que Marie était présente au pied de la croix, partageant l'immense souffrance de son Fils et communiant à ses douleurs. La croix, Marie l'a vécue elle aussi. 
Et aujourd'hui, en ce vingt-quatrième dimanche du temps ordinaire, Jésus nous dit de façon claire et solennelle, que nous devons nous aussi, chacun de nous, porter notre croix:
« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »
Le message de ces trois jours consécutifs est clair : pas de vie chrétienne sans croix. Et cela, c'est dur à avaler, même pour nous les chrétiens. Mais encore plus pour les gens qui ne sont pas chrétiens. Ici, à Montréal, nous vivons dans une société non chrétienne. Il faut avoir le courage de se le dire et de le croire. Je sais très bien que la grande majorité des gens qui vivent à Montréal sont baptisés, mais de plus en plus de gens ne croient plus à la religion de leur baptême. Ils ont abandonné leurs croyances chrétiennes pour plusieurs raisons. Une de ces raisons, selon moi, est la suivante : on ne veut plus d’une religion du sacrifice. Lorsque j’écoute la radio ou la télévision, j’entends souvent des personnes qui ne semblent plus chrétiennes et qui pourtant parlent avec assurance de la religion catholique. Ils pourfendent la religion catholique parce que selon eux, c’est une religion du sacrifice, une religion qui loue la souffrance, qui exalte la souffrance, qui encourage la souffrance. Selon eux, la religion catholique fait de la souffrance une valeur. Autrement dit : la religion chrétienne est une religion masochiste. Donc une religion qui va contre les intérêts réels de l’être humain, qui va contre le bien de l’homme et de la femme. Par conséquent, c’est une religion dont il faut se défaire et se distancier. Quand ces gens parlent de la mentalité judéo-chrétienne, c’est d’abord à cette façon pervertie de voir notre religion qu’ils font référence. Et malheur à vous si vous avez l’audace de dire que vous croyez en la bonté d’une telle religion.

Il y a un problème ici, c’est certain. Et le problème, il se situe au niveau de la foi. Dans l'évangile d'aujourd’hui, Jésus demande à ses meilleurs amis : « Pour vous, qui suis-je ? »  Ce n’est qu’après que Pierre ait dit sa foi en Jésus que celui-ci, pour la première fois, a annoncé qu’il fallait qu’il souffre beaucoup. Pierre a essayé de l’en dissuader et il s’est fait « ramasser » comme on dit ici au Québec: "Passe derrière moi, Satan! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ".
Il y a une souffrance qui fait partie du plan de Dieu, du plan de Dieu après la chute, après le péché de nos premiers parents. Si nous les chrétiens, nous croyons que la souffrance a de la valeur, ce n’est pas parce que nous croyons que la souffrance est bonne en elle-même (ça, c’est du masochisme); c’est que nous croyons que la souffrance a une valeur rédemptrice, une valeur de salut. Ici les mots sont importants; la souffrance n’est pas une valeur mais la souffrance peut avoir de la valeur si on la vie chrétiennement, par amour, avec Jésus, pour le salut du monde. Saint Paul nous dit souvent qu’il est heureux de souffrir pour le salut de ses frères et sœurs. Dans sa lettre aux Colossiens, il écrit :
Col 1:24-
En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église.
Il faut bien sûr la foi pour croire que nos souffrances unies à celles de Jésus et sanctifiées par Lui, produisent du fruit pour le salut de monde. On ne peut pas demander à tous de comprendre cela et même de croire cela. Acceptons ce fait et souffrons en aimant. Tout est là : saurons-nous souffrir en aimant ? Voilà la véritable question pour nous les croyants.

P.S. J’ai déjà parlé de la souffrance sur ce blogue. C’est un sujet tellement important, mais aussi tellement complexe. Vous pouvez aller lire, si le cœur vous en dit, les textes suivants :

2 commentaires:

  1. Je crois que n'importe quelle maman au monde peut comprendre ce que tu veux dire par:"Il faut bien sûr la foi pour croire que nos souffrances unies à celles de Jésus et sanctifiées par Lui, produisent du fruit pour le salut de monde." Toutes les mères ont foi que le "fruit de leurs entrailles" participera à construire un monde meilleur. Je crois qu'il en est ainsi pour notre Père.

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  2. Nous sommes parfois comme l'âne! de votre autre texte, face à la souffrance. Je me dis que c'est en secouant la poussière accumulée sur nous, depuis trop ou très longtemps, que l'on parvient à "Renaître de ses cendres", comme l'a écrit un certain M. Gaboury, j'ai le livre chez moi, mais dont j'oublie le prénom. Épousseter notre coeur, notre esprit et notre corps, pour enfin voir resurgir la vraie vie! C'est hélas trop souvent dans la souffrance, que l'on finit par voir clair dans nos vies. Voilà en quoi cette souffrance partagée dans celles du Christ est bénéfique en quelque sorte!

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